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 leave me blind.

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Sully Bennet

Sully Bennet


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MessageSujet: leave me blind.    leave me blind.  EmptySam 13 Sep - 12:11



lexie&sully
Cause now the only thing I fear
Is seeing you’re better off alone.


Il n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Comment l'aurait-il pu ? Il aurait aimé que ce soit par simple culpabilité, parce-qu'il en avait laissé tomber ses manuscrits et oublié, pour une nuit, brouillons et crayons papier. Mais ils lui pardonneraient, avait-il pensé, ils lui pardonneraient, car aujourd'hui, sa vie allait s'engager sur une voie qu'il avait, jusque-là, pris grand soin d'ignorer. Cette voie où elle frappait un soir à sa porte, le saluant comme si ces dernières années n'avaient jamais étés. Il en était resté sans voix, profondément choqué. Soudain, il avait eu dix-sept ans de nouveau, la vie devant lui et les sens en émois. Peu de temps, finalement, s'était écoulé depuis, mais il n'en avait pas moins l'impression que cent ans avaient passés. Quelques minutes s'étaient écoulées avant qu'il ne déglutisse péniblement, pour lâcher un "Qu'est-ce que tu fous ici ?" plus sèchement, peut-être, qu'il ne l'aurait aimé. Mais la voir, la regarder, enfin, dans les yeux après toutes ces années l'avaient empli tant de joie que de colère, jusque là refoulée et il s'était avancé plus avant sur le seuil, espérant sans doute ainsi lui barrer le passage tant de sa maison, que de sa propre vie. Seulement, lorsqu'elle lui avait répondu, qu'elle avait avoué chercher un endroit où dormir durant quelques temps (le temps de quoi, il n'en avait pas la moindre idée et ne préférait sans doute pas le savoir), et qu'il lui ait paru être le choix le plus évident, il avait eu beau penser "non", il n'avait pu dire autre chose que "oui". C'était pure folie, bien sûr, alors même que quelques minutes auparavant, il n'avait pas été loin de la haïr, elle qui l'avait abandonné sans même prendre la peine de lui jeter un dernier regard. Il avait été blessé, déçu, avait laissé la colère se faire amertume et s'était efforcé d'oublier ce qui l'avait, autrefois, lié à celle qui se tenait, ce soir-là, debout devant lui. Mais il avait suffit d'un rien, d'un regard, d'une supplique, pour qu'il mette sa rancœur de côté, juste assez longtemps pour qu'il oublie de dire non, pour qu'il la laisse à nouveau entrer dans sa vie, quand bien même il se rappelait vaguement l'en avoir banni lorsqu'elle avait délibérément refermé la porte de leur amitié. Alors oui, comment aurait-il bien pu, cette nuit-là, trouver la sérénité nécessaire au repos ? Le sommeil l'avait fui, rusé, impitoyable, et il n'avait pu que songer à Lexie Abernathy, couchée là, dans la chambre en face de la sienne. Ce n'était pas la première fois, bien sûr, même s'ils avaient passés bien plus de nuit les pieds dans le sable et la tête dans les étoiles, que dans une chambre. La lune et les éléments étaient ce qui s'accordaient le mieux à leur tempérament, et à leurs envies d'indépendance, quoique ce mot ne revêtait déjà pas la même signification pour l'un que pour l'autre. Mais ils se disaient alors que ça n'avait guère d'importance, qu'on pouvait bien profiter de ce que l'on avait là sans trop penser à ce qui, un jour, nous séparerait indéniablement. On préférait l'ignorer, penser à autre chose, espérer qu'on ne grandisse jamais vraiment quand, face aux autres, face à la vie, on hurlait notre soif de vieillir. Etait-il encore temps de retourner en arrière et d'arrêter le temps ? En avait-il seulement envie ? Sans attendre de connaitre la réponse, il rejeta d'un geste brusque ses couvertures, et prit le temps d'enfiler un t-shirt et un pantalon de jogging avant de sortir de la chambre pour rejoindre la cuisine. Il avait beau ne rien vouloir changer à ses habitudes, il ne parvenait pas à oublier qu'elle se trouvait , juste au-dessus de lui. Préoccupé, il prépara néanmoins son petit déjeuner habituel avant d'ouvrir la baie vitrée donnant sur l'océan, laissant ses poumons s'emplir de l'air chargé d'embruns. Un bol de chocolat chaud à la main, il tira une chaise jusqu'à lui et s'installa sur la terrasse de bois, le regard perdu dans les vagues qu'il ne faisait que distinguer.
Parce-qu'il l'attendait, sans doute, ne fut-il pas surpris d'entendre le bruit de ses pas s'arrêter juste derrière lui. Il ferma les yeux, cherchant peut-être le peu de volonté qu'il lui restait depuis qu'elle s'était de nouveau imposée dans sa vie, avant de tourner légèrement la tête vers elle. "Bien dormi ?" lança-t-il sèchement. Il rêvait de se montrer cinglant, voire blessant, mais il ne trouvait pas les mots, et encore moins la manière. Une partie de lui refusait d'être cruel, surtout lorsqu'il s'agissait d'elle. Il soupira doucement, avant de se tourner de nouveau vers la plage, serrant son bol un peu plus fort entre ses mains. "Tu comptes rester ici longtemps ?" Et par "ici", peut-être parlait-il de la maison, ou de la ville, ou même de la terrasse sur laquelle ils se trouvaient tous les deux. Il ne précisa pas, la laissant libre de choisir la question à laquelle elle préférait répondre, puisque c'était là tout ce à quoi elle avait toujours aspiré.
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Lexie Abernathy
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MessageSujet: Re: leave me blind.    leave me blind.  EmptySam 13 Sep - 21:23



sully & lexie
and I wouldn't catch you hung up on somebody that you used to know

Ses yeux s’ouvrirent sur un plafond blanc immaculé et il lui fallut un instant pour que les souvenirs lui reviennent en mémoire. Elle tira sur les draps la recouvrant, comme l’aurait fait un enfant pour se protéger de ce monstre inexistant. Un soupire lui échappa, suivit d’un léger sanglot qu’elle ne sut retenir. Que lui arrivait-il ? Elle qui se sentait toujours prête à toutes les aventures, à parcourir le monde en quête de risques et d’expériences, ne trouvait plus la force pour se lever, ni même bouger. La respiration saccadée, comme après avoir couru un marathon, il lui semblait impossible de sortir du lit, de faire face à cette réalité difficile.
Pourtant, l’idée de revenir vers lui s’était faite naturellement, comme un choix de parcourt logique. Elle s’était imaginée qu’il lui pardonnerait toutes ses erreurs, son départ de Carmel. Sa disparition. Bêtise. Encore une fois, elle avait fait preuve de naïveté en pensant qu’il l’accueillerait à bras ouverts, son sourire en coin collé aux lèvres. Leurs retrouvailles avaient été tout autre ; gêne, angoisse, pendant un moment, Lexie s’était dit qu’elle aurait pu simplement fuir une nouvelle fois, refaire sa vie loin de lui, loin des souvenirs de cette relation fusionnelle qu’ils avaient partagé durant des années. Mais ses yeux l’obligèrent à poser ses bagages. Son regard lui avait permis de d’éviter un nouvel abandon, une autre séparation.
Retirant les draps couvrant son visage, elle soupira de plus belle. Un coup d’œil à sa gauche lui apprit que le jour s’était déjà levé. Le soleil dessinait un camaïeu de rose et de bleu dans le ciel, rejoint par le vert des arbres que Lexie ne connaissait que trop bien. C’était ce genre de détail qui augmentait son amour pour Carmel, sa ville natale. Les couleurs, le parfum iodée en ouvrant la fenêtre, la convivialité, la chaleur humaine. Même en ayant eu la chance de parcourir les plus beaux paysages des Etats-Unis, Lexie considérait encore Carmel comme le plus bel endroit sur Terre.
Son estomac vide la tira de ses rêveries ; elle finit par poser un pied sur le parquet froid de la chambre, couvrant ses épaules nues du plaid qu’elle retira du lit. Ses pas la menèrent jusqu’au premier étage ; la maison lui était familière, pour les nombreuses fois où elle lui avait rendu visite durant leur jeune époque. Le salon, vide, lui fit froncer les sourcils. Aucun bruit ne vint perturber le silence pesant qui l’entourait. Puis elle saisit le son des vagues contre le sable, le chant des oiseaux volant entre les branches d’arbre. Elle chemina jusque dans la cuisine où la baie-vitré ouverte lui offrit une vue imprenable sur l’horizon. Mais ses yeux, bien qu’attirés par la beauté des lieux, se bloquèrent inévitablement sur lui.
Elle s’avança prudemment, les mains tremblantes sous son drap soyeux, le regard plein d’inquiétude. Aucun mot ne sortit de ses lèvres alors que son visage à lui se tournait vers elle. Ses mots, ou plutôt le ton qu’il utilisa pour lui adresser la parole, la blessèrent profondément, comme un couteau qu’on viendrait planter à nouveau dans une plaie béante. Elle ne trouva pas la force de lui répondre directement, se suffisant d’un simple hochement de tête, discret, fragile. Ce n’était pas dans ses habitudes, de paraître aussi frêle, aussi chétive. Son attitude tirait plus de la provocation et de l’ironie, qu’elle usait à tout va pour s’exprimer. Mais cette situation la rendait nerveuse, presque plus que de se savoir enceinte. Sa grossesse lui paraissait encore abstraire, tout comme l’être se développant en elle. Sully, quant à lui, semblait bien plus réel, plus angoissant qu’un bébé sans nom.
Elle resserra sa prise sur le drap autour de son corps trop maigre, avalant difficilement la seconde demande de celui qu’elle considérait comme un frère. Il ne lui en fallait pas plus pour réveiller la jeune femme têtue en elle. « Si tu ne veux pas de moi ici, je peux très bien repartir. » Sa remarque partit sans qu’elle n’ait à y réfléchir ; et comme à son habitude, elle regretta les mots qu’elle prononça, sans pour autant s’en excuser. Sa fierté la perdrait.
Le regard résolument tourné vers la plage, Lexie s’obligea à se montrer forte, indépendante. Tout ce qu’elle n’était plus maintenant. A vrai dire, partir n’apparaissait pas dans la liste de ses projets à venir, bien au contraire. Elle ne pouvait plus penser en solitaire ; il fallait réfléchir pour deux, désormais, même si cette évidence lui paraissait encore bien difficile à admettre.
« Je suis revenue pour toi. Tu pourrais au moins m’offrir un sourire. » Un demi-mensonge, qu’elle prononça avec un frisson dans le dos. Lui cacher la vérité la rendait malade, mais elle était résolue à ne pas l’informer de sa situation. Pas tout de suite. Cela ne rendrait leur rapprochement que plus difficile. Elle posa une main sur son ventre déjà dur, s’imaginant les mouvements qu’elle sentirait plus tard au même endroit, avant de se placer face à lui, le défiant du regard. « J’ai fait des erreurs, d’accord. Mais ce n’est pas une raison pour me traiter comme l’inconnue que je ne suis pas, Sully. » Si seulement elle avait le courage de demander pardon, de rendre les choses plus faciles d’un côté comme dans l’autre. Ca attendrait, comme tout le reste. « Je suis encore ta meilleure amie, non ? » Elle se gifla intérieurement de paraître si faible face à lui. De l’avoir abandonné aussi. De ne pas lui avoir parlé durant ces cinq dernières années. Elle remarquait seulement maintenant les traits de son visage, plus durs, plus marqués par le temps et étrangement différents de ceux qu’il portait adolescent. Son corps semblait plus fort encore qu’auparavant et elle se souvint de ses bras autour du sien, rassurant, sécurisant. Elle donnerait n’importe quoi pour retrouver ceux qu’ils étaient avant.
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Sully Bennet

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MessageSujet: Re: leave me blind.    leave me blind.  EmptyDim 14 Sep - 11:41

A grand peine, il se retint de rétorquer à sa réponse insolence. S'il s'était alors retourné, s'il avait seulement ouvert la bouche, il n'aurait pu faire autrement que laisser échapper des mots qu'il aurait ensuite amèrement regretté. Car si sa présence entre ces murs prouvaient qu'une part de lui-même brûlait de la retrouver, il n'en restait pas moins qu'une autre, plus amère, plus déçue, espérait pouvoir lui rendre un jour la monnaie de sa pièce. Il se tut donc, ne se retourna même pas, attendit simplement. Il n'en souffrit cependant pas moins lorsqu'elle parla de nouveau, comme si ses mots étaient autant de lames effilées qu'elle lui plantait dans le corps sans la moindre pitié. Était-elle vraiment revenue pour lui ? Il n'en croyait pas un mot. Comment l'aurait-il pu alors qu'il n'avait pas, autrefois, suffit à la retenir ? Il serra les dents, attendit encore. Parler serait se trahir, parler serait rompre à tout jamais les liens ténus qui subsistaient entre eux. Sa dernière question finit de le briser, attisant tant sa colère son chagrin. Il ferma de nouveau les yeux et laissa les minutes s'égrener, cherchant désespérément le semblant de sérénité qui lui permettrait de lui répondre sans trop d'amertume. Il était perplexe, incapable de comprendre la moitié des sentiments qui lui enserraient le cœur. Il n'était pas fait pour de si violents émois : cela faisait bien trop longtemps qu'il avait quitté l'adolescence, et il refusait de se laisser aller à aimer ou haïr aussi fort qu'il en était alors capable. "Je n'en sais rien, Lexie. Je n'en sais vraiment rien." dit-il finalement, d'un ton parfaitement neutre. Mais il remerciait le ciel qu'elle ne puisse pour l'instant pas voir son visage, et encore moins son regard, où se disputait des sentiments on ne peut plus contradictoire, qui le mettaient au supplice. "Tu parles comme si on se connaissait encore par cœur, alors que notre dernière conversation remonte à des années." Il soupira, trouva enfin le courage de se lever, lentement, avant de se tourner vers elle et de soutenir son regard. Il posa son bol sur la table de jardin, et fit un pas vers elle.
"Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?" reprit-il, alors que ses traits s'animaient soudain. "Tu m'as brisé le cœur, putain." lâcha-t-il comme on lâche une insulte. "T'es partie sans rien dire, et tu espérais que je t'accueille avec le sourire ? Je t'ai haï, Lexie, pendant des jours, des années, même." Il haussa les épaules d'un geste las, rompant le lien établi entre leurs deux regards, et fixant le sien quelque-part sur le jardin qu'il ne voyait plus vraiment. Un aboiement rompit le fil de ses pensées, et trois chiens l'entourèrent subitement, lui refusant tout nouveau repli vers ses souvenirs. Il les observa un instant, se laissant bousculer jusqu'à ce que leur humeur joueuse lui arrache un vague sourire au coin des lèvres. Laissant échapper un sourire, il posa la main sur la tête de Malta, dont le contact l'apaisa sur-le-champ. "Mais plus maintenant." souffla-t-il. "Maintenant, je ne te hais plus, même si je ne suis pas certain de ce que ta présence m'inspire pour autant." Il tourna de nouveau la tête vers elle. "Je n'ai pas envie que tu t'en ailles. Je n'en ai jamais eu envie." Il laissa ces mots flotter entre eux un moment, avant de poser une main sur sa nuque douloureuse à force d'être crispée. Il grimaça. "Il faut que je les nourrisse." dit-il en désignant les chiens, d'un vague geste de la main. "Fais comme chez toi. Fais ce que tu veux." Il n'ajouta pas le "je m'en moque" qui lui brûlait la langue, sachant qu'il ne le pensait pas autant qu'il l'aurait aimé. I se contenta de la contourner pour entrer dans la maison, les chiens sur ses talons.
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Lexie Abernathy
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MessageSujet: Re: leave me blind.    leave me blind.  EmptyDim 14 Sep - 21:17

Elle brûlait d’envie de lâcher des mots qu’elle regretterait, mais ce n’était pas le bon moment pour lui faire du mal. Elle lui en avait déjà bien trop fait auparavant, en l’abandonnant. En y réfléchissant, Lexie se demanda si ces cinq dernières années, passées à traverser son pays natal, avaient été une erreur de sa part. Une autre erreur qu’elle ne pourrait pas réparer et qui laissait aujourd’hui des cicatrices indélébiles.
Elle n’eut plus aucun mal à tenir sa langue en l’écoutant parler. Les mots qu’elle voulait lancer se firent silencieux, tandis que Sully continuait à lui planter ce couteau acéré dans la plaie, remuant un peu plus à chaque parole pour ne laisser qu’un trou béant qu’elle ressentit jusqu’au plus profond de son âme. Le désir de lui hurler qu’il avait tort sur toute la ligne ne fit qu’augmenter alors qu’il déblatérait des mots sans sens. Bien sûr qu’elle était encore sa meilleure amie. Ce genre de relation ne pouvait disparaître avec le temps ; Lexie aurait juré que les sentiments qu’ils partageaient l’un pour l’autre ne s’étaient pas évanouis, qu’il suffisait simplement d’un peu de temps, d’une dose de courage, de bonne volonté, pour les retrouver.
Un autre coup au mot ‘haïr’. Jusqu’aujourd’hui, elle ne s’était pas correctement imaginé le mal qu’elle lui avait fait. Après tout, cela n’avait été qu’un au revoir, un ‘à bientôt’ qu’elle lui avait murmuré à l’oreille avant de s’en aller, de vivre l’existence dont elle avait souvent désiré auparavant.
Elle baissa les yeux sur ses pieds nus, blessée, découragée. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle regretta de s’être enfuie, de l’avoir écarté au détriment de ses souhaits. Dans un coin de sa tête, elle repensa aux livres qu’elle avait emportés à chaque étape de son voyage. Ses livres, ceux qu’il avait écrits. Dans un sens, il ne l’avait jamais véritablement quitté. Ses mots lui avaient paru comme des compagnons de route silencieux, mais rassurants, et  familiers. Le soir, alors qu’elle s’enroulait dans les draps d’une âme généreuse, elle fermait les yeux, les mains posés sur les pages d’un de ses livres et pendant un instant, c’était comme si elle pouvait le sentir, appuyé contre son corps frêle, un bras autour de ses épaules, sa voix murmurant des mots apaisants. Bien sûr, la réalité était tout autre. Mais ces moments lui avaient suffi, en attendant qu’elle puisse enfin le retrouver.
Les souvenirs s’effacèrent dans un nuage de fumée, tandis que leur conversation fut mise sur pause d’un aboiement. Trois chiens firent leur apparition, renforçant la distance qui les séparait déjà. Désintéressés par la nouvelle venue, ils se réjouirent face à leur maître. Lexie ne put s’empêcher de s’éloigner un peu plus, comme si elle venait d’interrompre un moment privilégié. Ses yeux se posèrent sur le visage de Sully, où elle vit un léger sourire se dessiner. Le premier sourire depuis son départ de Carmel. Sourire qu’elle n’avait pu lui décrocher, mais qui lui réchauffa tout de même le cœur.

Il reprit son air sérieux en se détournant d’eux et tout espoir disparu à nouveau. Même les mots qu’il prononça ne semblèrent pas l’apaiser. Elle le vit se lever et disparaître, emportant avec lui toute perspective de réussite.
Mais elle ne pouvait pas encore s’avouer vaincu. Il fallait qu’elle se batte pour retrouver ce qu’ils avaient perdu. D’une main, elle s’accrocha à son épaule, l’obligeant à s’arrêter à mi-chemin. Ses yeux brillaient d’un chagrin qu’elle s’était refusée de montrer. Mais il n’était plus question d’être butée, maintenant. « Sully, je t’en supplie… » Les mots ne semblaient pas vouloir sortir. De sa vie, elle n’avait jamais eu à les prononcer. Ou du moins, elle ne s’en était jamais sentie capable. La fierté et ses désagréments. « Je suis désolée. » Un sanglot s’échappa, faible, misérable. Elle ne prit plus la peine de retenir ses larmes qui, libres, dévalèrent son visage pour finir dans son cou, lui rappelant à chaque instant son erreur et les conséquences qu’elle devait à présent affronter comme l’adulte qu’elle était.
Les jambes flageolantes, la jeune femme se plaça à nouveau face à lui. Le plaid qu’elle tenait encore autour de son corps fragile tomba à leurs pieds, alors que ses bras venaient entourer l’homme comme l’aurait fait un nageur en détresse sur une bouée. La joue contre son torse, elle ferma les yeux, bercée par ce parfum qui lui rappela quelques vieux souvenirs de leur adolescence. « Donne-moi une chance de me racheter. S’il te plaît. » Son ton, désespéré, ne lui plaisait guère. Mais elle ne fit rien pour le changer ; toute force quitta son corps, tandis qu’elle se laissait aller à leur étreinte.
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MessageSujet: Re: leave me blind.    leave me blind.  EmptyMar 16 Sep - 11:52

Le temps se figea en même temps que lui, alors qu'il sentait sa main presser son épaule. Il s'était imperceptiblement redressé, surpris, presque choqué. Lui parler était une chose, et quand bien même ils n'avaient plus échangé la moindre parole depuis des années, sa voix lui était revenue comme autrefois, familière, rassurante, apportant pourtant son lot de doutes et de peines, comme jamais encore elle ne l'avait fait. Mais la sentir, la toucher, rendait ces retrouvailles plus réelles, et plus difficiles encore. Son cœur et sa gorge se serrèrent, tandis que tout son corps se tendait, espérant qu'elle ôte sa main dans l'instant, ou bien qu'elle ne l'enlève plus jamais. Pas une seconde, néanmoins, il ne songea à l'en chasser lui-même, n'en ayant peut-être pas l'envie, ou peut-être tout simplement la force.
Il entendit à peine ses excuses, noyées dans un sanglot qui lui fit battre le cœur un peu plus vite. Il ferma les yeux alors qu'elle le contournait, refusant de voir les larmes qu'il devinait sur son visage. Car que pourrait-il y faire ? Quel homme n'était pas démuni devant les larmes d'une femme, surtout lorsque celle-ci occupait tant de place dans sa vie ? Il aurait aimé, pour sa fierté, peut-être, penser et parler d'elle au passé, être capable de lui fermer la porte au nez et de laisser sa vie changer, sans elle, puisque c'était bien elle qui, cinq ans auparavant, avait pris la décision de vivre sans lui. Mais il en était incapable et, de la voir, là, devant lui, l'amenait à regretter tout ce qu'il avait pu penser d'elle au lendemain de son départ. Il ouvrit finalement les yeux, mais détourna le regard, où brillait une émotion qu'il parvenait à peine à contenir. Son pouls s'emballa davantage lorsque le bruit sourd du plaid qu'elle portait jusqu'à sur ses épaules résonna dans le calme relatif du petit matin. Il tourna davantage la tête, ne faisant d'elle plus qu'une ombre floue dans un coin de son champ de vision. Il refusait de réagir, de lui répondre, de se laisser émouvoir par ses larmes. Les lèvres pincées, une part de lui ne rêvait déjà plus que de la serrer contre lui et d'avouer, enfin, que ce n'était rien, que ses reproches n'étaient que des mensonges qu'il avait soigneusement inventé afin de panser les plaies de son ego. Il aurait voulu lui dire que tout était oublié, qu'il n'y avait rien à pardonner, qu'elle pouvait bien rester là ou s'en aller, il ne ferait jamais rien d'autre que l'adorer, que l'aimer, comme celle qu'elle avait toujours été pour lui : une amie, une sœur, une moitié. Mais il avait également douloureusement conscience que la Lexie qui se tenait devant lui n'était plus l'adolescente qui était partie, des années plus tôt. Devant lui se tenait une femme dont il ne savait rien, et dont les changements l'effrayaient d'autant plus qu'il n'y avait pris aucune part. A cette femme là, il ne pouvait rien dire, rien promettre, n'était même pas sûr de pouvoir lui pardonner quoique ce soit.
Et lorsque cette inconnue passa ses bras autour de lui, posa sa joue contre son torse, lorsqu'elle murmura des mots qu'il n'entendit pas, il oublia les mots, oublia les années passées, oublia même de respirer. Il se dit que tout aurait pu être aussi simple que la garder là, contre lui, et faire en sorte que, cette fois, elle ne puisse plus lui échapper. Cette pensée lui arracha un sourire las, un sourire qu'il ne lui montra pas, et qui s'effaça bien vite, alors que ses mains se refermaient avec douceur, mais fermeté, sur les épaules nues de la jeune femme. Il ne la repoussa pas immédiatement, cependant. Il avait, il le savait, besoin de la sentir là. "Ne fais pas ça." souffla-t-il finalement, tout en la repoussant doucement. Son geste l'avait troublé plus qu'il ne se l'avouait, mais il n'en laissa rien paraître. "Et ne t'excuse pas. C'est mon problème si je ne peux pas te pardonner, mon problème si je ne peux pas accepter ce que tu es." Il haussa les épaules, faussement détaché, et se baissa pour ramasser la couverture à leurs pieds. Il fit un pas vers elle et lui en couvrit les épaules, sans jamais, cette fois, détourner le regard, ses yeux ancrés dans les siens. Sans qu'il ne l'ait prévu, ou peut-être voulu, il encadra son visage de ses mains et sécha les dernières larmes qui brillaient sur ses joues, ignorant son cœur qui ne demandait qu'à jaillir de sa poitrine. Lorsqu'il baissa les bras, il semblait plus triste que jamais. "Qu'est-ce que je pourrais te demander ? Ça fait cinq ans, Lexie. Où es-tu allée ? Qu'est-ce que tu as fait, durant toutes ces années ?" Il secoua doucement la tête. "Telle que tu es, j'ai l'impression de ne plus te connaître, et c'est ce qui me fait le plus mal." dit-il avant de baisser les yeux, espérant ainsi dissimuler son trouble. Il se passa une main sur la nuque, réalisant soudain à quel point son corps était douloureux à force de tensions.
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