≈ i have seen your heart, and it is brave.

I. Introduction.
Theodore Noble regardait une énorme paire de seins. A six heures cinquante quatre, dans le tramway B4913 qui partait de la station Penn jusqu'à la quatrième avenue, le jeune homme, qui préférait qu'on l'appelle "juste Theo", était profondément dégouté à la vue de la gigantesque poitrine appartenant à une demoiselle du siège voisin. Ou plutôt, il était dégoûté par elle. Blonde, mâchant un chewing-gum sans la moindre once de respect, elle était grassouillette. Elle jouait à quelque chose sur son téléphone : par le mouvement de ses doigts, il reconnu Temple Run. A moitié habillée, son soutien-gorge était apparent, ainsi que ses bourrelets. Pris d'un frisson, il se demanda comment c'était, de la voir nue, de la toucher, d'avoir à l'aimer. "C'est sans doute humide et quelque peu encombrant."
Engourdis par la fatigue, les visages bouffis des autres voyageurs étaient absents. Occupés à faire le deuil de leur dimanches, personne ne prêtait attention à lui. Il avait mit une chemise qu'il appréciait fortement pourtant : blanche, avec des petits losanges noirs. Acheté à Old Navy à $24.43 hors taxes, il passait pourtant inaperçu parmi la foule, qui commençait à se faire de plus en plus présente dans le compartiment. Des hommes d'affaires, un écouteur dans l'oreille, l'autre perdu dans les abysses de leur vestes, des femmes, des enfants bien trop calmes pour être psychologiquement stables. Bientôt submergé par les différents bruits de conversation, et après avoir donné son siège à une petite vieille, il se leva, se tenant à la barre. A chaque nouvelle station, de nouvelles personnes venaient prendre le peu d'espace vital restant.  Il ferma les yeux. Isolé du monde extérieur par des paupières irritées, sa main finit par devenir moite. Plusieurs minutes passèrent, pendant lesquelles ses doigts finirent par glisser. Il lâcha la barre. Alors, il ne fut plus soutenu que par la proximité des corps environnants : derrière lui, une femme qu'il sentait derrière son dos. Quand le tramway pencha vers la droite, alors, il fut poussé contre un jeune homme à la carrure imposante.  Se penchant, il pressa son visage entre ses omoplates, avant d'humer son parfum : une forte odeur de musc et de terre lui emplit les narines avant de se répandre dans son nez, son cerveau, son imagination. Quelques secondes après que la pression de Theodore Noble contre l'étranger eut passé d'accidentelle à indécente, il se retourna violemment pour lui jeter un regard noir, et sortit à l'arrêt suivant, le laissant seul et malheureux.

(...)