(solange) i'm gonna swing from the chandelier.

solange & jacob
i'm gonna live like
tomorrow doesn't exist
« C'est bien, je suis fière de vous, Jacob. Vous faîtes beaucoup de progrès, vous verrez, avec le temps et les séances que nous allons poursuivre, votre mémoire va commencer à se rouvrir à vous. » Il hoche lentement la tête. Il a toujours de la peine à se réveiller de l'hypnose. Comme si tout ce qu'il vivait après (et pendant) ne relevait que du domaine du rêve. Il regarde sa psychiatre comme si elle était la seule à pouvoir l'aider. Comme si elle était son remède. La clé ouvrant le coffre de son esprit. Encore une énième séance. Deux par semaine, depuis deux mois. Mais Cobb peut lui-même constater les progrès. Cette fois-là, il a entendu des éclats de rire. Un rire féminin, des mots qu'il n'a pas compris, que son esprit a été incapable d'intercepter et d'interpréter. Des mots avec un drôle d'accent, des mots qui n'étaient pas dans la même langue. Petit à petit, ça lui reviendra, lui. Pour une fois, ça n'a pas été terrifiant. Il lui arrive d'entendre, oui. Des cris, des hurlements. L'agonie a une voix angoissante. Cette fois, il s'en sort bien. En sortant du cabinet de sa psy, il la croise, de nouveau.

Il la voit souvent. Pas à chaque fois, mais ce n'est pas la première fois qu'il la voit sortir du cabinet du psychiatre voisin à la sienne. Et comme Jacob croit de plus en plus que rien n'est dû au hasard, cette fois, il l'aborde. « Excusez-moi ? » Bien, et maintenant ? Maladroit, il la regarde, crochète son regard. Il a cet air attendrissant qu'ont les enfants, comme s'il ne s'était plus souvenu de grandir. Et aussi cette obscurité dans le regard, où nulle chandelle ne semble brûler. Elle, elle est jolie. Elle a des cheveux de jais, comme lui, et des yeux qui ont la couleur des noisettes. Plus clairs que les siens. Eclairés par quelques pépites de caramel. Maintenant, il a faim. « Ça fait plusieurs fois que je vous croise, et... et j'me suis dis qu'on pourrait aller boire un verre ? Ou un café ? Ou manger un petit quelque chose ? » Il fronce les sourcils. Il ne sait pas vraiment si c'est comme ça qu'on fait. Si c'est comme ça qu'il faudrait procéder. Il n'a que sa spontanéité en tête d'affiche, sa maladresse en guise de survie. « Enfin, c'est juste une proposition peut-être stupide, pour... pour se changer un peu les idées après ces séances éprouvantes. » fait-il en baissant les yeux, un peu gêné. Il se demande pourquoi est-ce qu'elle vient ici, elle. Quels maux intérieurs la dévorent. Si ça fonctionne. Si elle s'en sort. Si elle voudra bien passer un peu de son temps avec un grand enfant un peu paumé.

☆Solange and Cobb☆
i'm gonna live like tomorrow doesn't exist

La séance était enfin terminée. Elle agrippa la poignée de la porte et saluant sa psychiatre d'un léger signe de la tête. Pour une fois, elle n'avait pas pleuré, mais elle était sûr qu'il y avait une raison et qu'elle était certaine qu'elle allait verser une larme dans le courant de la journée. Comme après chaque rendez-vous, elle se dirigea rapidement vers la sortie, mais un homme la stoppa dans son élan. Cet homme, elle l'avait déjà aperçu. C'était la première fois qu'il l'accostait, ça l'étonnait. Elle se retourna vers lui avec une petite pointe de méfiance. Elle ne répondit pas la première fois, mais il ne tarda pas à reprendre la parole. Elle ne savait pas comment réagir à sa demande. Elle n'avait pas l'habitude qu'on lui propose ce genre de choses puisqu'elle faisait tout pour rester invisible et surtout venant d'un homme aux allures très séduisantes. « Je.. Je suis un peu pressée.» Mentait-elle en montrant le cadrant de sa montre en cuir. La phrase "boire un verre" la refroidit immédiatement. Quatre mois, cela faisait environ quatre mois qu'elle n'avait plus touchée à l'alcool. Rien que d'entendre ces quelques mots, elle eut des frissons. « Et puis la caféine, je trouve ça mauvais et je n'ai pas faim.» S'exclamait-elle nerveusement. C'était peut-être dur d'entendre cela alors qu'il était déjà bien assez gêné par la situation. Elle essaya de mettre de côté sa réserve et ses suspicions pour un moment en le voyant baisser les yeux. « Un peu stupide, oui. Enfin.. Désolé, je.. Je n'ai pas l'habitude qu'on me propose ce genre de choses.» Disait-elle en lui souriant timidement. Il avait raison ces séances étaient vraiment éprouvantes et elles n'arrangeaient rien au moral. « Je veux bien aller prendre un verre avec vous, enfin pour moi se sera de l'eau.» Disait-elle clairement.

Elle est pressée. Tu comprends, Cobb. Elle est pressée, ça veut dire, en sous-titré, qu'elle ne veut pas. Qu'elle ne veut pas le voir, qu'elle ne veut pas prendre cinq minutes pour discuter et s'asseoir. Légèrement déçu et blessé, Jacob baisse les yeux, soudain honteux. Qu'a-t-il cru ? Que ça se faisait comme ça, les rencontres ? Dans les salles d'attente du psy, entre deux séances ? Qu'il suffisait d'arriver avec la main tendue et un sourire sur le visage ? Eh bien, visiblement, non. Il se mord l'intérieur de la joue, se réprimandant encore une fois d'avoir cru que ça serait si simple. De croire qu'il a déjà tout réapprit et qu'il peut s'en sortir seul, dehors. Mais bien la preuve que ça n'est pas le cas. Pendant tout le temps où elle le contredit, il garde ses yeux noirs d'encre baissés au sol, comme s'il n'osait pas affronter son regard. Curieusement, il se met aussi à croire avec la façon dont elle réagit qu'elle a peut-être un sérieux soucis psychologique. Après-tout, dans un cabinet de psy, il peut tomber sur une psychopathe, non ? Mais son ton changeant lui fait relever les yeux d'un seul coup, croisant celui, un peu perdu, de la jeune femme en face de lui. Elle se reprend, ce qui le fait sourire. Un peu. Légèrement hésitant, du coup, il hoche la tête. « O-Oui même si c'est de l'eau, c'est juste pour passer un moment.. » bredouille-t-il en passant une main maladroite dans ses boucles d'ébène. Puis, son sourire revient au galop sur ses lèvres fines et il ouvre la porte, lui proposant d'un geste de passer devant lui. Les bonnes manières, ça aussi, il a dû un peu les réapprendre. « Si vous voulez, je connais un café sympa au coin de la rue. Et ils servent de l'eau. » Il lui fait un clin d'oeil. Rigole un peu. Se demande s'il n'est pas un peu ridicule. « Au fait, on m'appelle Cobb. »

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» Arya ∞ i'm gonna live like tomorrow doesn't exist