Torn (sienna+clarissa)

Should have seen just what was there and not some holy light to crawl beneath my veins and now. I don't care, I have no luck, I don't miss it all that much. There's just so many things that I can't touch, I'm torn. SIENNA & CLARISSA

  Les rayons du soleil éclairaient la salle du petit-déjeuner à travers les baies vitrées. Clarissa s'occupait de couper des morceaux de pain lorsqu'elle s'attela à rajouter du café chaud. C'était aux risques et périls des clients parce que le café était de très loin sa spécialité. Son péché mignon, c'était le thé. Glacé ou chaud, elle l'aimait tout autant. Elle lui préférait largement son gout sucré -parce qu'elle ne supportait pas les thés sans sucre- et délicat au goût âpre et amer du café. Il était presque dix heures du matin, la salle se vidait doucement. Les différentes odeurs de boissons, de pâtisseries, de bacon et de pancakes lui montèrent au nez dans un mélange atrocement nauséabond. Ces senteurs lui levaient le cœur, sa tête lui tournait et en quelques secondes, plus rien n'allait. Elle se trouvait face à toute cette nourriture qui la dégoutait comme jamais auparavant. Elle retint sa respiration et courut jusqu'aux toilettes des employés.
 Agenouillée sur le carrelage glacé, le visage face à la cuvette, elle faisait fuir hors d'elle tous les mets qu'elle avait pu absorber. Le teint pâle, tirant vers le gris et une mine affreuse lui sculptaient le visage lorsqu'elle s'extirpa du wc pour se diriger vers les lavabos. Elle rafraichit son visage à l'eau clair et respira péniblement. Elle se sentait vide, surement au sens propre comme figuré et avait cette effroyable sensation de mourir lentement sans avoir de contrôle là-dessus. L'esprit contrôle le corps, l'esprit contrôle le corps. Elle se le répétait constamment, en avait fait son leitmotiv mais n'y croyait même plus. La force de l'âme n'allait certainement pas la guérir. Un mois, à présent, qu'elle se savait vivre avec ce cancer. Ce vrai poison qui la détruisait de l'intérieur. Et soudain, elle se sentait triste, énervée et démunie. Elle ravala ses larmes, s'interdisant une bonne fois pour toute de pleurer. Les larmes, c'était fini. Le liquide lacrymale allait simplement rester à sa place dans ses yeux. Elle était forte, elle était déterminée et elle n'allait pas baisser les bras. Jamais. Elle releva la tête, finissant son monologue intérieur, et c'était seulement maintenant qu'elle remarquait que Sienna se tenait dans l'embrasure de la porte, la regardant avec une peine et une inquiétude palpable dans le regard et l'expression faciale. Elle sursauta légèrement parce qu'elle se pensait seule et se donna une contenance. « Je ne savais pas que tu étais là ». Qu'est-ce qu'elle allait penser d'elle, vraiment ? Une employée qui vomissait pendant son service ? Le pire, c'était que quelques clients l'avaient peut être vu et ça n'allait pas donner une bonne image. Voilà que maintenant, en plus de se sentir énervée et démunie, elle se sentait stupide. Putain de cancer.