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 phase 1 : leftover - alex

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Elea de Hastings

Elea de Hastings


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MessageSujet: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 19:04

Juillet 2014 -

Un verre, deux verres, trois verres. Je ne comptais pas les heures mais les verres, ce qui revenait strictement à la même chose puisque je ne m'autorisais qu'un verre par heure. J'avais beau détenir une parfaite résistance à l'alcool, comme toute anglaise qui se respecte, je connaissais également mes limites. Un verre de trop et je pouvais passer de la conscience à l'inconscience... mentale, l'inconscience, pas physique, et c'était bien ça le problème. Je voulais pouvoir garder le contrôle de mes actes, de mes mots, de mes gestes. De toute manière, je ne faisais que ça depuis des années. Contrôler, contrôler, contrôler. Ca ne marchait qu'en surface où je demeurais irréprochable, mais pas à l'intérieur où tout n'était plus qu'un immense bordel de douleur, lassitude et épuisement. Et de colère, aussi. C'était la colère qui avait primé sur le reste en tout début de soirée, lorsque seul le tic-tac stressant de l'horloge me tenait compagnie. J'avais fait l'effort de préparer le diner. Ou du moins, j'avais fait l'effort de me déplacer jusqu'à un restaurant et de prendre à emporter, et j'avais fait l'effort de réchauffer un à un, chacun des plats. Je n'avais rien à fêter, rien de particulier à commémorer, j'avais juste envie de ça. D'un repas digeste, d'un film pourquoi pas, un truc où les acteurs ne se hurleraient pas dessus avec cet affreux accent nasillard, et rien d'autre. Parce que finalement, je ne demandais rien d'autre, je n'en avais pas le droit. Alors, était-ce trop demander que de le voir rentrer à l'heure prévue ? Ou à une heure décente, peu importe. D'accord, je ne l'avais pas prévenu, mais je n'avais pas à le faire, je ne voulais pas le faire, parce que quelque part, j'avais besoin de le voir rentrer de lui-même, préférer passer la soirée avec moi plutôt qu'avec ses potes ou pire encore. Et vu l'heure actuelle, j'optais pour l'option "pire encore". Je ne voulais pas le savoir, et pourtant je ne pouvais m'empêcher d'y penser. C'était comme un refrain pervers et entêtant qui squattait mon crâne sans que je puisse m'en défaire. J'avais cessé de réchauffer les plats depuis un moment, déjà, et la colère laissant place à la lassitude, la lassitude faisant place à cette épuisante déprime, pour ne pas dire dépression, je finissais recroquevillée dans l'un des grands canapés, l'écran plasma au mur s'animant au gré des aventures de Mary Poppins. Ce n'était pas simplement le mal du pays dont je souffrais, c'était surtout le mal de lui. Un plaid jusqu'au cou, je m'achevais mon... cinquième ? sixième verre ? Quelle heure était-il ? J'avais commencé à boire vers 21h. Il devait bien être 2h ou 3h du matin, désormais. Dormir ? Ce n'était même pas une option. Je savais que je n'y parviendrais pas, pas tant qu'il ne serait pas là, chez nous, seul et à moi. Je venais de me resservir mon sixième ou septième verre, du coup, du vin rouge, français, pas celui qu'ils croient faire pousser en Californie, lorsque le crissement des pneus sur le gravier de l'allée me tira -un peu- de mes vapeurs d'alcool. Clouée aux coussins du canapé, je bougeais à peine, juste le cou pour suivre son arrivée dans mon périmètre. Soulagement et douleur se partagèrent la vedette au fond de mes tripes, et je n'essayais même pas de sourire. Cette faculté avait disparue avec mon troisième verre. Comme d'ordinaire, je le laissais me rejoindre, s'installer, faire comme si tout était parfaitement normal, comme s'il ne savait pas ce qu'un énième visionnage de Mary Poppins signifiait. Peut-être ne le savait-il réellement pas. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c'était moi l'anormale, pas lui. Ou du moins, en cet instant, je doutais qu'il le soit aussi. C'est ce qui provoquait mes phases de déprime, la brusque prise de conscience de mon absolue solitude dans la démence, dans cette démence. Alors, je ne lui en voulais pas et allais même jusqu'à déposer une tempe contre son épaule, dans le vain espoir de retrouver un peu de cette familiarité, de ce quotidien rassurant et inquiétant qu'il représentait à mes yeux. Vain, puisque au lieu de son parfum, c'est un autre qui satura rapidement mes poumons, me poussant à me relever et m'écarter, la colère revenant au galop. “Va te doucher d'abord. Tu pues le parfum à la violette bon marché.” je soufflais en grimaçant. Je le voulais lui, plus que tout, mais pas altéré, sali par les restes d'une autre. Je m'enfonçais un peu plus dans mon plaid, ne laissant ressortir que le haut de mon visage, respirant l'odeur de la lessive, tâchant d'oublier celle de l'autre avec qui il avait passé une partie de la nuit, et la jalousie vicieuse et violente qui hurlait en moi. Inspirer, expirer, se calmer... Inspirer, expirer, se calmer... Ne rien laisser paraître, ne surtout pas lui laisser entrevoir les dégâts... Prendre sur soi.
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Alexander de Hastings

Alexander de Hastings


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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 19:47


   Ce soir, comme souvent ces derniers temps, Alex avait décidé de sortir. S’éloigner de la maison et donc d’Elea pendant quelques heures ne pouvait pas lui faire de mal, et il comptait bien sur ses amis et sur les nouvelles rencontres qu’il allait faire pour se changer les idées. C’était son remède à lui, en quelque sorte. Dans les moments où le désir devenait trop fort, quand ses pensées envers sa sœur se faisaient trop intenses et honteuses, le jeune homme préférait fuir et se réfugier dans les bras de la première venue, comme pour se rassurer et se prouver que ce qu’il prétendait ressentir pour Elea n’était rien d’autre qu’une affection fraternelle des plus normales. Au fond, il savait qu’il n’en était rien mais préférait se leurrer, plutôt que risquer de craquer en restant près d’elle. La soirée se déroula donc comme toutes les autres, débutant avec ses amis dans un bar, puis un autre, puis un troisième, jusqu’à trouver chaussure à son pied. Acceptant les avances d’une fille dont il ne connaissait même plus le prénom, Alexander s’était donc laissé guider jusqu’à chez elle pour y terminer la nuit comme il se devait, en s’efforçant de ne pas se préoccuper de toutes les questions qui s’accumulaient dans son esprit depuis des années. Sexe, alcool, parfois un peu plus que ça, il n’avait rien trouvé de mieux pour décrocher de la réalité ; de sa réalité. Mais quoi qu’il fasse et où qu’il aille, il en revenait toujours au même point. Même dans les bras d’une autre, il n’y en avait qu’une qui lui manquait et auprès de qui il se sentait chez lui. Alors, comme à chaque fois, Alex avait déserté le lit de sa conquête un peu plus tôt que prévu pour regagner la maison qu’il occupait avec sa sœur, sans avoir trouvé le soulagement qu’il était venu cherché en jouant les Don Juan.

   A peine eut-il passé la porte d’entrée que déjà, Alex entendit un son qu’il connaissait bien en direction du salon. Elea était encore debout, et qui plus est devant Mary Poppins, ce qui n’augurait clairement rien de bon. En effet, le jeune homme connaissait sa sœur par cœur et il savait mieux que personne décrypter la moindre de ses attitudes. Et en l’occurrence, Mary Poppins rimait en général avec un petit coup de moins bien, un moment de déprime durant lequel Elea cherchait à se réconforter en visionnant leur programme préféré lorsqu’ils étaient enfants. Sans chercher à comprendre, Alex déposa son blouson sur le dossier d’une chaise et fila s’installer aux côtés de sa sœur, qui ne tarda pas à poser délicatement sa tête sur son épaule… avant de se reculer brusquement. “Va te doucher d'abord. Tu pues le parfum à la violette bon marché.” lâcha-t-elle, avant de s’enfouir sous son plaid devant un Alexander  quelque peu mal à l’aise, qui s’efforça cependant de ne rien montrer. Au lieu de ça, il leva les yeux au ciel en protestant : « N’importe quoi ! » tout en reniflant discrètement son col histoire de vérifier qu’elle se faisait bel et bien des idées. Néanmoins, il prit cette réflexion comme une mise en garde, le signe qu’elle n’avait pas spécialement apprécié sa petite excursion nocturne. Alors, comme pour se justifier alors que rien ne l’y obligeait, il crut bon d’ajouter : « Ca va, je suis pas rentré tard… t’es même pas couchée… » Puis, il lui flanqua un petit coup de coude dans les côtés avant de désigner la télévision d’un geste de la tête. « Pourquoi tu regardes encore ça ? Et ce verre…. Ça va ? » questionna finalement Alex en tournant la tête vers sa sœur, faisant mine de ne pas comprendre ce qu’elle lui reprochait précisément.


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Elea de Hastings

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 19:54

Je ne voulais pas savoir. Ou plutôt, je ne voulais pas avoir la confirmation de ce que j'imaginais facilement. Beaucoup trop facilement. Les filles ne devaient pas avoir ces images-là de leur frère, elles ne devaient pas pouvoir se le représenter dans ce genre de situation et avec autant de précision, elles ne devaient pas se plaire à imaginer la contracture d'un muscle, la cambrure d'un dos, la crispation d'une bouche, tout comme elles ne devaient pas sentir ce feu envahir leur bas-ventre, ce faisant. Elles devaient, au contraire, se boucher les oreilles et grimacer de dégoût chaque fois qu'il en était question. Parce qu'un frère, c'est comme un père ou une mère, aux yeux d'une fille, c'est asexué, c'est aussi pur que lors de nos parties de cache-cache enfantines. C'était ça la norme. Du moins, celle des autres. Moi, je grimaçais, certes, mais pas de dégoût, simplement de cette jalousie lente et sournoise irradiant chaque atome de mon être. Quelques minutes auparavant, je pouvais encore l'imaginer dans un bar avec ses potes, à picoler, regarder un match ou même refaire le monde. Désormais, avec ce parfum saturant mes narines, la scène jouée dans ma tête avait basculé vers le cauchemar. C'était sournois, vicieux, totalement illégitime, mais ce sentiment en moi, était surtout incontrôlable. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir pour ça, pas plus que de le lui reprocher, et pourtant...  « N’importe quoi ! » N'importe quoi ? Mes réactions, mes émotions, mon état de nerfs général, ça oui, c'était n'importe quoi ! Mais pas l'odeur qui le nimbait en cet instant. Il n'avait pas le droit de me dire, ça. Je la sentais sur lui, je la sentais tout autour de lui, et cette idée m'était insupportable ! Ne pouvait-il pas juste faire l'effort de ne pas me traiter de folle et accéder à ma requête ? Qu'il aille se doucher, bon sang, qu'il se lave d'elle, qu'il se débarrasse de cette... cette... Raaah ! Qu'elle disparaisse dans la bonde de douche, avec toutes les autres. Toutes ces anonymes que j'exècre presque autant que je me dégoûte moi-même. « Ca va, je suis pas rentré tard… t’es même pas couchée… » Parce que je t'attendais, crétin !! Ne voyait-il vraiment pas à quel point je prenais sur moi ? A quel point je me murais dans le silence de peur de dire une connerie, de sortir une réflexion trop explicite aidée par ma colère, ma jalousie totalement déplacée, et cette dépression que j'avais la naïveté de nommer 'petite déprime' ? Et ce léger coup dans mes côtes, ponctué d'un « Pourquoi tu regardes encore ça ? Et ce verre…. Ça va ? » qui n'avait pas de sens, mais qui avait le mérite de me remettre à ma place, une énième fois. Seule, définitivement seule, j'étais seule dans cette déviance, seule et isolée au fin fond de ma connerie de perversion. “Oublie... C'est juste un peu de mal du pays.” je mentais en me relevant, fuyant ce parfum qui m'obnubilait, à présent. Drapée dans mon plaid, je m'écartais, cherchant du regard une activité quelconque qui pourrait justifier ce brusque changement. Derrière moi, le plan de travail central de la cuisine, débordait encore des plats que j'avais fait réchauffer mille fois, et me fournissait une excuse recevable. D'ici, je le voyais encore, mais je ne le sentais plus, et cet état de fait n'étant absolument pas apaisant, je me retrouvais à ouvrir la poubelle en grand pour y déverser l'intégralité du repas parfaitement intact. Toute la soirée j'avais souhaité qu'il soit là, et maintenant qu'il était présent, qu'il s'intéressait à moi, j'étais incapable de supporter la moindre question sans craindre l'implosion. J'aurais voulu qu'il disparaisse. Ou, plutôt, non, que moi je disparaisse. “Je pense que je vais retourner un peu à Londres.” je lançais, sans réellement réfléchir, tout en récupérant le dernier plat ayant survécu à mon génocide, pour le refiler au chien. Est-ce que je voulais retourner à Londres ou ne serait-ce que m'éloigner de lui un instant ? Non, probablement pas. Ma raison me poussait vers cette solution, mais mes tripes n'en connaissaient que trop le résultat : j'allais en crever. Je crois que je cherchais à provoquer une réaction chez lui, violente si possible. Mais ça non plus je n'en étais pas sûre. J'avais trop d'alcool dans le sang pour chercher à comprendre mes propres intentions. Mais, comme pour me donner un indice de taille quant au réalisme de ce voeu stupide, je me retrouvais, mon carnage accompli, à revenir sur mes pas, retournant vers lui, dans le salon. Cependant, je délaissais le canapé pour m'installer sur un coin de table basse, et m'abrutir en achevant, d'un trait, mon verre de vin. “Tu veux vraiment pas aller te débarrasser de ce parfum dégueulasse, qu'on puisse regarder la fin du film ensemble sans que j'ai l'impression de me taper un bain de foule chez Sephora un jour de canicule ?” D'accord, demain j'arrête l'alcool.
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Alexander de Hastings

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:15


Alexander savait que sa sœur n’aimait pas le savoir dehors. A chaque fois, c’était la même chose : lorsqu’il rentrait, il avait droit à une soupe à la grimace ou comme ce soir, à une bouteille de vin entamée sur la table, Mary Poppins et un plaid. En quelque sorte, le jeune homme était conscient de faire du mal à Elea en s’éloignant ainsi d’elle, mais avait-il vraiment le choix ? Cette réflexion le tuait à chaque fois, mais il finissait toujours par opter pour la sortie entre amis qui lui apparaissait comme étant la solution la plus prudente. La plus prudente mais aussi la plus saine, même si cela n’était pas flagrant. Se jeter dans les bras d’une autre pour faire taire son propre désir envers sa sœur… ça sonnait plutôt mal. Mais c’était tout ce qu’il avait trouvé, et même si jusque là, le remède s’était avéré totalement inefficace, Alex persistait. Et une fois de plus, Elea ne manqua pas de le reprendre de volée alors même qu’il venait de s’installer à ses côtés dans le canapé. Son frère tenta de s’en sortir en protestant et en soulignant qu’il n’avait pas fini la nuit à l’extérieur, mais il sentit immédiatement une énorme tension dans l’attitude de la jeune femme, qui le poussa à ne pas aller plus loin dans son plaidoyer. Au lieu de ça, il se concentra sur la bouteille qui trônait encore sur la table basse, et sur les raisons d’un tel déballage. “Oublie... C'est juste un peu de mal du pays.” expliqua simplement Elea avant de se relever et de s’éloigner, laissant Alexander seul et avachi sur le canapé. Alors qu’elle disparaissait de son champ de vision, le jeune homme devina qu’elle filait vers la cuisine mais ne jugea pas bon de la suivre, trop occupé qu’il était à cogiter sur ce qu’elle venait de lui dire. Même fracas qui se fit entendre dans la cuisine ne suffit pas à le tirer de ses pensées, et il fallut que sa sœur reprenne la parole pour le faire revenir à la réalité… plutôt brusquement. “Je pense que je vais retourner un peu à Londres.” lâcha Elea l’air de rien, faisant littéralement sursauter son frère qui se retourna précipitamment sur le canapé pour la voir. « Quoi ?! Tu… pourquoi ? Non ! Enfin, ça va aller, on… on est bien ici ! » balbutia-t-il, soudain terrorisé à l’idée de la voir repartir pour Londres et ne plus vivre avec lui. Alors qu’Elea revenait vers le salon et s’installait sur la table basse, Alex entreprit de la dissuader de repartir, mais avant même qu’il n‘ait pu dire quoi que ce soit, la jeune femme réitéra : “Tu veux vraiment pas aller te débarrasser de ce parfum dégueulasse, qu'on puisse regarder la fin du film ensemble sans que j'ai l'impression de me taper un bain de foule chez Sephora un jour de canicule ?” Sans pouvoir s’empêcher de lâcher un éclat de rire, le britannique se redressa en levant les yeux au ciel, accédant à la requête de sa sœur en lui ébouriffant les cheveux au passage. « J’arrive… » se contenta-t-il de répondre avant de quitter la pièce pour filer vers la salle de bain.

Immobile alors que l’eau chaude coulait sur lui, Alex tournait et retournait les propos de sa sœur dans sa tête. Avait-elle réellement envie de repartir à Londres ? Voulait-elle vraiment rentrer et le laisser seul ici ? En tous cas, Alexander n’avait aucune intention de la laisser faire. Il ne savait que trop bien à quel point son absence le faisait souffrir, et était conscient de ne pas pouvoir supporter une séparation de plus. Ce qui, en soi, était un peu paradoxal puisqu’ici il passait son temps à la fuir pour ne pas commettre d’impair. Seulement voilà, quand elle était à Carmel il la savait tout près de lui, en sécurité. Il savait qu’il pouvait la voir tous les matins, tous les soirs, qu’il pouvait lui parler, la toucher… et s’il perdait tout cela, Alex ne savait clairement pas comment il réagirait.

Regagnant le salon après avoir changé de tenue et séché ses cheveux à la va-vite, si bien que des gouttes d’eau y perlaient encore, le jeune homme fit un crochet par la cuisine pour récupérer un verre, et se servir à son tour un peu de vin. Après tout, il n’y avait pas de raison qu’elle soit la seule à profiter de la bouteille. De nouveau, il fila s’installer près d’elle et chercha immédiatement à capter son regard. « Elea… » souffla-t-il avec une pointe d’appréhension dans la voix. « T’étais pas sérieuse toute à l’heure ? Tu vas pas vraiment repartir ? Hein ? Tu peux pas faire ça... »
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Elea de Hastings

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:20

Tout mon quotidien n'était plus composé que de ça, rythmé par ça, par ces situations que je créais, que je provoquais pour l'amener à me prouver que j'étais quelque chose, quelque chose d'important, de primordial. Pas simplement la petite soeur un peu chiante et possessive, la petite soeur totalement tordue avec des désirs inavouables. Je ne vivais que pour ça, pour ces quelques secondes hors du temps durant lesquelles j'entrevoyais l'immensité de ce pouvoir que j'avais sur lui. Le reste du temps, je ne faisais qu'attendre. L'attendre lui, et attendre ça. Et peut-être était-ce parce que je l'attendais autant, lui, que je finissais par provoquer ça. J'étais probablement trop en demande. Je ne passais, certes, pas mon temps à l'appartement, enfermée entre quatre murs, j'avais une vie sociale, mais pas du même acabit que la sienne. Je ne rentrais jamais très tard, et surtout pas imprégnée de l'odeur d'un autre. Je ne savais pas faire ça, du moins pas à cette même fréquence, et je m'en voulais d'en être incapable. Pourquoi fallait-il que tout soit si difficile, si douloureux ? Alors, j'avais balancé ma bombe, telle une sale môme souhaitant faire mal. Et j'avais fait mal. « Quoi ?! Tu… pourquoi ? Non ! Enfin, ça va aller, on… on est bien ici ! » Non, je n'étais pas bien. Il ne fallait pas se voiler la face et cesser de détourner le regard en se bouchant les oreilles, tout en moi hurlait la même chose : mal être. Mais il avait raison sur un point : je préférais mille fois être en survie précaire à ses côtés, plutôt qu'à moitié morte partout ailleurs. Sauf que je ne lui fournissais pas cette réponse. A la place, je préférais le rejoindre, tout en gardant mes distances, et ranger mes griffes temporairement. Je n'avais pas envie de me battre, j'avais eu une réaction, c'est tout ce que je demandais. Maintenant, je n'aspirais plus qu'à une chose, faire ce que j'avais attendu depuis des heures, à défaut de pouvoir faire ce que j'attendais depuis des années. Son éclat de rire me tira un sourire en coin. J'aimais ça, j'aimais ce son, j'aimais sa voix. En réalité, j'aimais tout, à l'exception de son sang... et du mien.

Après son départ, je restais immobile un moment, fixant le fond de mon verre vide avec la même concentration que si j'essayais d'y lire mon avenir. C'était stupide, j'étais stupide, et ce n'était clairement pas avec un tel taux d'alcool dans le sang que je parviendrais à trouver une solution. Existait-il seulement une solution ? J'avais le sentiment de m'être engouffrée dans une impasse en ignorant royalement le panneau indiquant la voie sans issue. J'avais avancé, avancé encore, avec l'insouciance de celle qui n'en voit pas le bout. Mais voilà, désormais, le mur était là, le cul-de-sac qui me narguait et je ne pouvais plus faire demi-tour. Il ne me restait que deux options, m'asseoir au sol et attendre la fin, ou escalader le mur. Un mur trop haut, un mur trop dangereux... Sauf que passer ma vie assise à observer le mur n'était pas vraiment une excellente option. En attendant, je retournais me vautrer dans le canapé, me resservant un autre verre au passage. Demain j'arrêterais, mais on était pas encore demain. La télécommande en main, je forçais les acteurs à rebrousser chemin en accéléré. C'était de la triche, je sais, mais il ne devait plus rester qu'une vingtaine de minutes de film, et moi je voulais tellement plus que ça. Je ne revenais pas tout au début, la supercherie aurait été trop évidente, mais à quinze minutes de la toute première scène me semblait un juste compromis.

Lorsqu'il revint, j'étais toujours enroulée dans mon plaid, façon rouleau de printemps, les cheveux toujours ébouriffés de son premier passage. L'ongle du pouce coincé entre mes dents, je le suivais du regard tandis qu'il se laissait tomber à mes côtés, précédé et suivi du parfum frais de la douche et du propre, celui dont je m'emplissais le nez le plus discrètement possible. Lorsqu'il prononça mon prénom, j'étais déjà toute acquise à sa cause. Il m'avait eu dès l'instant où il avait accepté d'aller prendre une douche. « T’étais pas sérieuse toute à l’heure ? Tu vas pas vraiment repartir ? Hein ? Tu peux pas faire ça... » Est-ce que j'étais sérieuse ? Oui, en partie. Du moins, la partie raisonnable de mon cerveau l'était. Pas celle, plus vicieuse, qui me poussait, en cet instant même, à me tortiller pour sortir du plaid tout en glissant vers lui. D'un mouvement preste et impatient, j'allais me lover contre son flanc tout en jetant la moitié de la couverture sur lui. “Pourquoi je ne pourrais pas ?” je demandais tout de même, bien que l'envie d'en parler me soit passée sitôt que j'avais obtenu la réaction que je souhaitais : l'anxiété. Je gigotais encore un peu, à la recherche de la meilleure position, de ma place à moi, achevant mon périple recroquevillée contre lui, ma tête dans le creux de son cou, et le regard prudemment tourné vers la télé à l'image figée. Ca n'avait rien d'anormal pour un frère et une soeur, si ? Un câlin devant la télé, c'était chose courante, il me semble ? Mes intentions l'étaient moins, mais puisque je les taisais... “Je ne veux pas repartir définitivement, mais peut-être profiter des vacances pour rentrer un peu chez nous...” Chez nous... Qu'il était détestable, ce terme. Chez nous c'était ici, à Carmel, ou tout du moins en Californie, et chez moi c'était auprès de lui, qu'importe l'endroit. Je ne me sentirais jamais chez moi ailleurs, et certainement pas dans le domaine familial sans lui, là où chaque mur se trouvait imprégné de son absence. “Poppins me manque, tu sais ?” vrai. “Et puis, ça nous ferait pas de mal de nous séparer un peu... Non ?” Faux !! Archi-faux ! “Tu pourrais en profiter pour sortir, faire tes trucs, sans avoir ta soeur pour te faire une crise quand tu rentres...” j'ajoutais, très raisonnable, très mâture, faisant preuve d'une bonne volonté qui m'étonna moi-même. Enfin, ça, ce fut juste avant d'échapper un “Et surtout, je pourrais occuper mes soirées à autre chose qu'attendre que tu aies achevé ton tour de Californie des filles faciles. Tu essayes de battre un record, ou comment ça se passe ?” des plus immatures et explicites. J'avais même poussé le vice jusqu'à m'extirper de son cou pour lui lancer un regard mi-interrogateur, mi-innocent. Une innocence feinte qui dissimulait bien mal ma jalousie lancinante. Consciente de ma position plus que délicate de part mon incapacité à me taire ou à l'empêcher de lire dans mon regard trop parlant, je me planquais à nouveau dans son cou en baragouinant quelques vagues excuses. Après tout, dans les faits, la sexualité de mon frère ne me concernait ni de loin, ni de près. Et surtout, je ne voulais pas qu'il m'en parle, ni même qu'il l'évoque. Pourquoi avais-je été ouvrir ma bouche ? Ah oui, le vin... Foutu vin ! Foutus français ! Aussi, espérant mettre un terme à mes trop grands bavardages, je m'imbriquais un peu plus encore en lui, et sortais un bras du plaid pour redémarrer le film. “Si je m'endors, tu me ramèneras dans ma chambre ?” Ou comment ne pas lui dire qu'à défaut de dormir avec lui, je voulais au moins pouvoir m'endormir contre lui.
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Alexander de Hastings

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:24


Alexander connaissait sa sœur par cœur, tout comme il connaissait le déroulement de Mary Poppins dans les moindres détails tant il avait regardé avec elle. Aussi, il ne lui fut pas bien difficile de comprendre qu’Elea avait profité de sa douche pour rembobiner le film de quelques dizaines de minutes. Pour autant, le jeune homme préféra faire comme s’il n’avait rien remarqué, prenant plutôt cela comme une occasion de prolonger sa soirée aux cotés de sa sœurs. Visiblement, ils allaient devoir parler de ce désir d’ailleurs que la jeune femme avait évoqué un peu plus tôt, et Alex ne comptait la voir se défiler sous prétexte que le film était terminé. Il ne comptait pas non plus la laisser partir comme ça, alors que lui-même avait besoin d’elle pour « survivre » ici, et ce même s’il s’y prenait très mal pour le lui prouver. Reprenant donc le sujet de conversation qu’ils avaient laissé en suspend lorsqu’il était parti se doucher, le britannique chercha à en savoir plus alors que sa sœur s’empressait de venir se blottir contre lui. A vrai dire, il adorait ces moments-là. Ceux où il pouvait sentir sa chaleur, le parfum de ses cheveux, où il pouvait caler le rythme de sa propre respiration sur celui d’Elea… Une foule de petit détail qui menaçait de lui faire perdre la tête à chaque fois, mais dont il était incapable de se passer. “Pourquoi je ne pourrais pas ?” demanda-t-elle au moment où Alex l’entourait de son bras libre pour l’inciter à se serrer un peu plus contre lui. « Parce que tu n’as pas le droit de me laisser seul ici ? Parce que tu t’ennuierais là-bas ? Parce que je ne veux pas m’occuper de ton rat pendant que t’es pas là ? » énuméra-t-il en faisant référence à son chien qui finissait ses plats plus ou moins discrètement dans la cuisine derrière eux. « Autre chose ? » termina-t-il pour la forme, non sans esquisser un petit sourire en coin.

A son tour, Elea énuméra les raisons qui l’avaient poussée à avoir cette réflexion, à commencer par le fait que son départ ne soit pas définitif. Bien sûr, elle ne comptait partir que pour les vacances, mais ce laps de temps semblait tout de même bien trop interminable aux yeux d’Alex. Elle expliqua aussi que Poppins lui manquait, et qu’un temps de séparation ne pourrait que leur être bénéfique. A ces mots, la mâchoire d’Alexander se serra mais il s’efforça de ne montrer aucune autre espèce de réaction. Evidemment, elle avait raison et il le savait. Les séparer aurait été la décision la plus sage à prendre, mais Alex n’avait que faire de la sagesse lorsqu’il s’agissait de sa sœur. Il la voulait près de lui pour toujours, et cela n’était absolument pas négociable. “Tu pourrais en profiter pour sortir, faire tes trucs, sans avoir ta soeur pour te faire une crise quand tu rentres...” ajouta Elea, faisant de nouveau sourire le jeune qui s’apprêta à répondre mais n’en eut pas le temps. Comme pour tout gâcher alors que l’atmosphère commençait à se détendre, la jeune femme  reprit : “Et surtout, je pourrais occuper mes soirées à autre chose qu'attendre que tu aies achevé ton tour de Californie des filles faciles. Tu essayes de battre un record, ou comment ça se passe ?” Ses sourcils se froncèrent, alors qu’Alex tournait les yeux vers sa sœur qui s’empressa d’enfouir de nouveau son visage au creux de son cou. Le jeune homme poussa un long soupir avant d’engloutir une bonne partie du la ration de vin qu’il s’était servie. « Elea, s’il-te-plait… » souffla-t-il en grimaçant, avant d’ajouter : « Ca te regarde pas. » Si seulement elle savait… Si elle savait que malgré son tour de Californie des filles faciles, il n’y en avait toujours qu’une et une seule à ses yeux. Pourtant, il essayait de toutes ses forces de l’effacer de son esprit, ou plutôt de la voir autrement, comme il était censé la voir. Mais le challenge lui paraissait impossible, encore plus lorsqu’il la tenait entre ses bras comme il était en train de le faire.

Remettant le film en marche, la jeune femme reprit la parole l’air de rien, pour demander : “Si je m'endors, tu me ramèneras dans ma chambre ?” Attendri, et surtout coutumier de la chose, Alex n’eut d’autre choix que d’afficher un nouveau sourire en déposant un bref baiser sur ses cheveux. « Bien sûr… comme d’habitude Princesse… » murmura-t-il en songeant à la Belle au bois dormant sans cesser de sourire. « Mais j’insiste, tu devrais pas me laisser tout seul pendant les vacances… j’ai pas envie de regarder Mary Poppins sans toi. » Mary Poppins faisait une excuse parfaite pour ne pas qu’il se dévoile, et soit contraint d’avouer qu’il ne se voyait pas vivre sans elle, même pendant une semaine ou deux.


Dernière édition par Alexander de Hastings le Dim 14 Sep - 20:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:30

Je détestais la morale, je détestais la sainte bible qui avait décidé d'édicter des préceptes à la con et probablement très infondés, je détestais mon père, ma mère et les centaines de branches de cet idiot d'arbre généalogique pour nous avoir conduit jusqu'ici, pour l'avoir créé lui, le seul que je voulais, le seul que mes yeux voyaient, le seul que mon corps réclamait. Comme si la génétique et un destin cruel avaient tout fait pour me créer l'être idéal en la personne du seul être parfaitement interdit. Il y a quelques temps, ça n'aurait posé aucun problème, on aurait même trouvé ça bien et noble que je ne souhaite pas salir mon sang si bleu avec un autre, et que je préfère offrir une descendance 100% Hastings à ma si charmante et traditionnelle petite famille. Sauf que voilà, entre temps, on avait décrété que ce n'était pas bien, que ça faisait des bébés tout bizarres, et que Dieu ne voulait pas de ça. Mais moi, je voulais pas de bébé, moi, je m'en foutais des bébés, tout ce que je désirais était encore bien moins avouables. Ne pas mélanger mon sang étant une excuse encore trop recevable dans ce cercle d'arriérés qui composait notre milieu social. Je le voulais juste lui... sentimentalement... sexuellement... Et j'en crevais un peu plus chaque jour. « Parce que tu n’as pas le droit de me laisser seul ici ? Parce que tu t’ennuierais là-bas ? Parce que je ne veux pas m’occuper de ton rat pendant que t’es pas là ? » Trop occupée à gesticuler contre lui tout en tentant de brimer mes pulsions qui risquaient de me pousser à demander plus ou faire plus, je ne l'avais écouté que d'une oreille. J'avais entendu 'rat' cela dit, et savais parfaitement à qui il faisait référence. Abs... Il était moche, certes, mais pas autant qu'un rat. “C'est pas un rat...” je marmonnais, légèrement boudeuse. “C'est un chiapin...” mi-chien, mi-lapin, et c'était assez évident rien qu'en le regardant. « Autre chose ? » Quoi ? Comment ça ? Je ne parvenais à me concentrer sitôt qu'il était question de cette promiscuité que j'instaurais et qu'il me rendait bien. Je devais être dans le contrôle absolu pour ne surtout pas franchir une frontière invisible entre ce que la bienséance permettait encore, et ce que la morale réprouvait purement et simplement. J'avais le droit de me serrer contre lui, mais je devais empêcher mes doigts de trop s'agiter. J'avais le droit à la tendresse, mais seulement en des gestes innocents et très ciblés. Son bras, je pouvais le caresser, sa nuque, éventuellement aussi, son dos, avec parcimonie. Son ventre, en revanche, était une zone de non-droit, idem pour son torse. Un genou, c'était possible. Une cuisse, jamais de la vie. Et pour les baisers, il en allait de même. J'avais le droit à la joue, au front et à la tête, ainsi qu'au revers d'une main, et éventuellement une épaule du moment que l'occasion s'y prêtait et qu'il restait très furtif. Mais jamais ailleurs, surtout pas ailleurs, malgré son cou qui sentait si bon et dont la peau n'était plus qu'invitation pour mes lèvres à l'agonie. Ainsi, à trop vouloir conserver le contrôle de mes gestes, j'en perdais le contrôle de ma tête et parlais trop. Le vin aidant, je me retrouvais à faire preuve d'un nouvel accès de jalousie, l'accusant de trop s'abandonner entre les cuisses de ces autres que je détestais de toute mon âme. Un écart que je regrettais immédiatement et que je tentais de faire oublier sous de vagues excuses et une fuite dans son cou. « Elea, s’il-te-plait… » J'entendais sa voix ricocher dans mon dos, puis dans mon oreille que j'avais collée à sa gorge, avant même que le son ne franchisse la barrière de ses lèvres. Je savais aux vibrations que je n'allais pas aimer ce qui allait suivre, je savais que j'allais, une nouvelle fois, chuter lourdement à cette place dont je ne voulais pas. « Ca te regarde pas. » A ma place. La seule à laquelle j'avais le droit : celle de soeur. “Je sais...” je soufflais discrètement, gorge nouée, coeur en lambeaux, tandis que je sentais mes paupières s'humidifier légèrement. Ca faisait mal. Ca faisait plus mal que n'importe quoi d'autre. Parce qu'il était à moi, parce que je voulais, je réclamais qu'il le soit dans sa globalité, il n'aurait pas du exister le moindre aspect de sa vie sur lequel je n'avais aucun droit. Surtout pas celui-là. Vexée, meurtrie, je ravalais ces traitresses avant même qu'elles ne glissent de mes cils, et m'enfouissais un peu plus entre ses bras.

Préférant le ramener vers des réactions moins douloureuses pour moi, je remettais le film en marche, me félicitant d'être parvenue à le rembobiner sans qu'il ne se rende compte de rien, et l'informer de mes intentions plutôt évidentes : j'allais m'endormir ici, contre lui, et il devrait me porter jusqu'à ma chambre où, dans un demi sommeil, je m'accrocherais à lui en lui demandant de rester de ma voix pâteuse. Ca ne fonctionnait qu'une fois sur mille, mais ça ne m'empêchait pas de multiplier les tentatives. « Bien sûr… comme d’habitude Princesse… » Pourquoi fallait-il que ses surnoms affectueux, comme princesse, et ses gestes tendres, comme ce baiser dans mes cheveux s'avèrent si douloureux ? Tout ceci n'appartenait que trop au champ lexical du très fraternel. Bien que je n'ai jamais croisé un frère aussi attentionné et dévoué à sa soeur, du moins pas à nos âges, tout cela sonnait encore trop normal à mes yeux. Trop normal pour l'anormale que j'étais. « Mais j’insiste, tu devrais pas me laisser tout seul pendant les vacances… j’ai pas envie de regarder Mary Poppins sans toi. » Il ne regardait jamais Mary Poppins sans moi. C'était mon truc à moi. Il ne faisait que le prendre en marche lorsqu'il me trouvait, comme ce soir, en pleine déprime mal dissimulée. De toute manière, je ne pouvais rien lui cacher, il connaissait mes contours et mes détails, à un point tel que je me demandais comment il pouvait encore ignorer le reste. C'était évident, non ? “Tu n'as qu'à venir avec moi...” je proposais alors, cherchant sa main sous la couverture pour y glisser mes doigts. Oui, il pouvait venir avec moi, même si, fondamentalement, ça ne changerait rien à mon problème, il transposerait son exploration de culottes américaines sur les culottes anglaises... A moins que... “On pourrait aller sur une île déserte, sans wifi, sans téléphone, sans parents...” sans morale, sans témoins, sans morue à sous-vêtement optionnel surtout... “Juste toi et moi.” Une proposition que sembla ne pas apprécier le chiapin qui, d'un jappement, se rappela à nous en grimpant sur le canapé. “... et Abs XIV, évidemment.” Avais-je été trop explicite ? Certainement. Avais-je laissé mon pied empiéter sur une foutue ligne imaginaire ? Probablement. Aucune soeur ne propose une île déserte à son frère avec elle toute seule et toute entière pour seule compagnie. Et pourtant, j'aurais voulu lui dire encore plus, lui expliquer à quel point il m'était douloureux, insupportable de le partager, à quel point j'avais besoin de lui pour ma santé mentale, de lui ici, sans aucune distance, peau contre peau, et pas seulement quelque part dans la même ville, pas très loin au besoin. Ma patience s'effritait, ma raison s'oubliait, et l'alcool... l'alcool... Il me dévorait de l'intérieur. Non pas l'alcool... Alex.
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:37


Comme à chaque fois qu’il s’agissait d’une séparation, Alex était terrorisé. Terrifié à l’idée de savoir sa sœur loin de lui, que ce soit sur un autre continent ou juste dans une autre ville. Quitte à se montrer trop possessif et à l’étouffer, il voulait juste l’avoir près de lui quoi qu’il arrive. Pendant de nombreuses années, ils avaient été séparés à cause de l’éducation que leurs parents se devaient de leur donner. Ne se croisant qu’à l’occasion de quelques vacances passées au château familial, le frère et la sœur avaient toujours considéré ces rencontres comme des moments privilégiés. Puis, le temps de l’université était venu et pour la première fois depuis leur plus tendre enfance, ils avaient pu vivre à deux sous le même toit. Autant dire que cela était apparu comme une évidence aux yeux d’Alexander qui s’était promis de ne jamais plus laisser quoi que ce soit le séparer de sa sœur. Il voulait savoir où elle était, ce qu’elle faisait à n’importe quel moment et surtout avec qui elle trainait. Et lorsqu’il s’agissait d’un garçon un peu trop entreprenant à son goût, sa colère n’avait alors d’égal que sa jalousie, qui le poussait à faire déguerpir l’intrus avec pertes et fracas. Peut-être faisait-il souffrir Elea en agissant de sorte. En la privant de ces petits plaisirs que seule la jeunesse pouvait offrir ? Mais qu’importe. Dans ces moments-là, il n’était tout simplement plus maître de lui-même ni de ses réactions, et avait l’impression de devenir incontrôlable. Alors, lorsqu’il avait du partir pour San Francisco, Alexander avait vu tout son petit monde s’écrouler. De nouveau, il allait être loin d’elle, incapable de garder un œil sur sa petite sœur et sur tous ceux qui la côtoyaient d’un peu trop près. L’absence le tuait tout autant que cette incapacité à la protéger qu’il ressentait lorsqu’elle n’était pas là. Heureusement, un peu comme si elle avait entendu ses appels qu’il n’avait jamais osé lui lancé, la jeune femme avait décidé de le rejoindre. Et depuis, ils vivaient ensemble dans leur maison, sans que cela n’ait réellement apaisé le mal-être d’Alexander. Néanmoins, ils pouvaient désormais partager ensemble des moments comme celui qu’ils vivaient ce soir, et rien que pour pouvoir la tenir ainsi entre ses bras, Alex se sentait prêt à tout pour la retenir à Carmel. Après tout, c’était la seule chose qu’il pouvait espérer d’elle, même si ses désirs et ses rêves les plus enfouis lui soufflaient d’aller plus loin.

“Tu n'as qu'à venir avec moi...” souffla Elea en attrapant la main de son frère sous le plaid qu’ils partageaient désormais. Un léger soupir s’échappa des lèvres du jeune homme, qui n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit avant que sa sœur ne reprenne : “On pourrait aller sur une île déserte, sans wifi, sans téléphone, sans parents... Juste toi et moi.” Discours que le rat qui lui servait de chien jugea bon de conclure par une protestation, qui poussa Elea à l’inclure dans ses projets. Certes, la proposition était tentante, idyllique même. Mais Alex avait d’autres obligations, comme toujours. « Tu sais bien que je dois rester ici pour ce foutu stage… » soupira-t-il à regret. « J’ai pas le droit de louper cette année. Pas plus que toutes les autres d’ailleurs… Père me tuerait si c’était le cas. » Son statut d’héritier lui mettait en effet une pression énorme sur les épaules, l’empêchant de faire le moindre faux pas sur le chemin de sa future carrière d’avocat. Carrière qu’il n’avait pas eu le loisir de choisir et qui, parfois, lui apparaissait bien plus comme un fardeau que comme un bel avenir. Esquissant un demi-sourire en posant son regard sur la bouteille de vin quasi-vide, Alex finit par ajouter d’un ton un peu plus léger : « Tu devrais arrêter le vin, ça te donnes de trop bonnes idées… » Tellement bonnes que le jeune homme n’avait aucun mal à s’imaginer sur ladite île déserte avec Elea pour seule compagnie bien que, comme toujours, la réalité ne soit pas bien loin pour le ramener sur Terre et le rappeler à ses responsabilités.
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:44

Boire avait toujours été ma seule médecine. Je n'étais pas une ivrogne, mais lorsque j'avais découvert l'effet anesthésiant du vin sur mes neurones bibliquement formatés, j'avais su que je tenais là la seule chose qui m'aiderait à tenir, justement. J'avais douze ou treize ans, à cette époque, nous nous trouvions dans la cave de nos parents. Pas une cave comme l'entend le commun des mortels avec vieux meubles en vrac et toiles d'araignée de partout, mais plutôt un vaste espace sous voûtes basses où se trouvaient, entreposées et étiquetées, des centaines et des centaines de bouteilles de différentes provenances, de différentes époques. C'était la fin de l'été, nous allions bientôt être renvoyés chacun de notre côté, et pour l'occasion, Alex avait eu l'idée d'organiser une soirée secrète. Si j'avais imaginé passer la nuit avec lui en tête à tête pour anticiper le manque à venir, j'avais vite été détrompée par l'arrivée inopinée de quelques invités. Des filles, essentiellement. Ou bien était-ce mon esprit jaloux qui manipulait mon souvenir ? Qu'importe. Nous n'étions pas nombreux dans le village, et les enfants de notre âge se comptaient sur les doigts de la main. Malgré tout, Alex semblait tous les avoir invité, et ils m'apparaissaient comme bien trop nombreux. Dans la confidentialité de ces caves, nous avions joué aux grands, ouvrant des bouteilles et goûtant leurs contenus pour la première fois. Enfin, tout le monde sauf moi. Moi je n'y avais pas le droit, moi j'étais bien trop sage, et bien trop surveillée par un frère omniprésent lorsqu'il s'agissait de m'empêcher de m'amuser. Et je ne m'amusais pas le moins du monde. Je ne faisais que me contenter d'observer en ruminant ce drôle de sentiment que j'éprouvais pour la première fois et qui ne fit que s'accentuer lorsque, la première bouteille vidée, ils décidèrent de la faire tourner. En cercle autour d'elle, je l'avais contempler tourner et tourner encore, les yeux de mon frère suivant le mouvement, et mon coeur s'accélérer un peu plus chaque fois que le goulot filait devant moi, avant qu'elle ne s'immobilise et se fige sur le sourire trop éblouissant de Rebekkah. J'avais vu mon frère hésité, mais je l'avais surtout vu s'approcher, à quatre pattes, rompant le cercle pour s'en aller échanger un baiser avec ma plus proche voisine de ronde. Aujourd'hui encore, je ne sais pas s'il s'agissait de son premier baiser, mais son souvenir demeure gravé au pilon dans ma mémoire. Tout comme la cuite, ma première cuite, celle que j'avais pris juste après ça. Ils avaient ris, ils s'étaient tous esclaffés, et moi j'avais filé. Et planquée derrière des rangées de bouteille, j'avais entamé la mienne et m'étais initiée aux effets libérateurs du vin sur ma langue. Il avait du me ramener jusqu'à ma chambre, et au matin, dissimuler ma gueule de bois apocalyptique à nos parents, mais ces heures passées à me tenir les cheveux tandis que je maudissais l'alcool et promettais de ne plus jamais y toucher, je n'en gardais pas le moindre souvenirs comparé à cette fraction de seconde durant laquelle il avait offert ses lèvres à une autre. L'été suivant, j'avais rétabli l'équilibre, organisant mon propre jeu de la bouteille, et m'arrangeant pour qu'il n'en rate pas une miette, mais ça n'avait pas suffit à éliminer ce souvenir atroce qui me poursuivait encore aujourd'hui, dix ans plus tard.

« Tu sais bien que je dois rester ici pour ce foutu stage… » Oui, je le savais. Et je le détestais ce stage, pour une raison plus qu'évidente, d'ailleurs. « J’ai pas le droit de louper cette année. Pas plus que toutes les autres d’ailleurs… Père me tuerait si c’était le cas. » C'était complètement stupide ! Il n'aimait pas ce qu'il faisait... Je veux dire, c'était assez évident, non ? Il n'était pas heureux, absolument pas épanoui. Je le voyais enchainer les heures de révisions sans en tirer le moindre petit éclat de joie, pas même lorsqu'il réussissait brillamment un examen. Comment un père pourrait souhaiter ça pour son fils ? “Tu n'as qu'à tout plaquer ! On partirait vivre à Paris, on changerait de nom, je pourrais vendre mes toiles sur la place du Tertre... Elles sont moches, mais personne ne saura me refuser quoique ce soit. Et toi...” Et lui ? Que pouvait-il bien faire alors qu'il avait passé la quasi totalité de sa vie à apprendre un métier qu'il détestait ? “... toi, rien. Tu te contenterais de me préparer à manger, parce que t'es pas trop mauvais à ça, mais surtout parce qu'on aurait eu la présence d'esprit de vider les comptes bancaires avant de se faire la malle, et qu'on aurait de quoi vivre au moins trois vies sans se soucier de l'argent.” Rêveuse, et un peu engourdie par l'alcool, je le forçais à resserrer ses bras autour de moi, calant mon menton contre l'un d'eux, les yeux tournés vers cet écran que je ne voyais plus... Je voyais Paris. “On pourrait être heureux, sans plus se soucier des responsabilités, des contraintes, des obligations.” Je n'aurais pas à épouser un sombre inconnu sous prétexte que son nom et sa condition plaisaient bien à mon père. “Et on aurait plein de bébés chiens... Et peut-être un chat, aussi, mais seulement si tu insistes.” Sortant un bras du plaid, j'étais sur le point de récupérer mon verre pour le ramener à mes lèvres lorsque sa voix me fit interrompre mon mouvement. « Tu devrais arrêter le vin, ça te donne de trop bonnes idées… » J'esquissais un sourire et reprenais mon geste, le provoquant en sirotant, justement, une gorgée de ce vin qu'il me déconseillait. “Et toi, tu devrais en boire plus, ça t'aiderait à débrider ton imagination.” L'alcool rendait tout possible, même l'impossible, il abattait les frontières, effaçait les lignes imaginaires. Il créait cette dangereuse illusion de toute puissance, ce je-m'en-foutisme qui introduisait toutes les mauvaises décisions de ma vie. J'avais perdu ma virginité sous l'emprise de l'alcool, j'avais fumé mon premier joint sous l'emprise de l'alcool, je m'étais offerte un peu trop souvent sous l'emprise de l'alcool, j'avais dit à ma mère qu'elle était une idiote superficielle sous l'emprise de l'alcool. J'étais une déesse invincible, sous l'emprise de l'alcool. Durant quelques minutes je pouvais tout faire, rien ne me résistait, tout était parfait, j'étais parfaite... Mais ça ne durait jamais pour toute la vie. Au contraire, cette foutue vie revenait toujours trop vite, trop fort, trop violemment. Je me la prenais en pleine face et m'écroulais sous son poids. “Je déteste cette vie ! Je déteste Père ! Je déteste être une Hastings dans ces conditions.” je soufflais, submergée par le deuxième effet kisskool du vin. Je savais ce dont j'avais besoin, il suffisait qu'il me dise que tout allait s'arranger, que bientôt cette torture prendrait fin. Mais je savais aussi qu'il ne pourrait jamais me dire une telle chose. Parce qu'il ne savait rien du démon faisant ses griffes dans mes tripes, parce qu'il ne savait rien de mon assujettissement à ces désirs, ces pulsions que rien n'atténuait, parce qu'il ne savait rien de cette combustion spontanée de mes organes depuis des années, parce qu'il ne savait rien à rien, il ne pouvait pas m'aider... Seulement me torturer davantage.
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Alexander de Hastings

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:48


Tout plaquer. L’idée avait maintes et maintes fois effleuré l’esprit d’Alexander, qui s’était cependant toujours retenu de le faire. Pourtant, tout aurait été plus simple pour lui s’il avait osé se rebeller. Il aurait pu choisir son chemin lui-même, opter pour une carrière qui lui correspondrait, se bâtir des rêves et tout faire pour les réaliser… Seulement voilà, il était un de Hastings, et les de Hastings n’avaient pas le droit à toutes ces choses-là. Avant même le jour de sa naissance, son destin avait été tout tracé pour lui et même s’il l’avait voulu d toutes ses forces, Alexander n’aurait jamais eu les moyens d’aller à l’encontre de ce que son père avait décidé pour lui. Dans la bouche de sa sœur, tout paraissait pourtant bien moins compliqué. Alex fut à la fois surpris et amusé d’entendre qu’Elea avait planifié pour eux un agréable avenir d’artiste et d’homme au foyer à Paris, le tout après avoir vider la totalité des comptes en banque de la famille. Et aussi étrange que cela puisse paraître, à aucun moment les idées saugrenues de sa sœur  ne parurent choquantes aux yeux d’Alex. Au contraire, une fois de plus, il pouvait tout à fait s’imaginer dans ce contexte pour la simple et bonne raison que son scénario les faisait vivre ensemble. Alors que la jeune femme l’incitait à la serrer un peu plus contre lui, Alexander s’exécuta le regard dans le vague et l’air rêveur. Si seulement ce qu’elle disait ne relevait pas de l’impossible… Si seulement il avait les capacités de renier tout ce qui l’ennuyait dans son statut pour vivre sa vie comme il l’entendait… Mais malheureusement pour lui, son destin était scellé depuis bien longtemps. De plus, il respectait assez ses parents pour ne pas leur faire vivre l’affront de tout plaquer du jour au lendemain sur un coup de tête. C’était peut-être incompréhensible et totalement paradoxal, mais c’était sa façon de voir les choses. Après tout, des milliers de gens auraient tout donné pour être à sa place, alors il n’estimait pas avoir le droit de se plaindre.

Oui, ils auraient pu être heureux tous les deux… dans une autre vie. Si seulement Elea savait à quel point elle visait juste en déblatérant tout son discours de jeune fille éméchée ! Elle ne verrait certainement plus son frère du même œil. A moins que… ? Non. La fatigue aidant, Alex avait lui aussi l’impression de se mettre à dérailler, et préféra définitivement reposer son verre de vin même pas terminé. Mais comme pour le provoquer, sa sœur récupéra le sien dans la minute qui suivit, pour en siroter le contenu juste sous son nez en souriant. “Et toi, tu devrais en boire plus, ça t'aiderait à débrider ton imagination.”  observa-t-elle, sans se douter que son imagination était déjà bien assez débridée sans qu’Alex n’ait besoin de faire appel à une quelconque goutte d’alcool. Puis, sans prévenir, la jeune femme s’emporta en soufflant : “Je déteste cette vie ! Je déteste Père ! Je déteste être une Hastings dans ces conditions.” Aussi surpris que touché par la réalité de ses paroles et le fait qu’il ait eu précisément la même réflexion de nombreuses fois, Alex serra les dents pour continuer à être ce grand frère parfait qui ne dérapait jamais et s’assurait au contraire de remettre sa sœur dans le droit chemin. « Ne dis pas de bêtises… » murmura-t-il en prenant le verre de vin des mains d’Elea pour le lui retirer et le reposer sur la table basse, hors de sa portée. « Tu es fatiguée, et tu as trop bu… Tu ferais mieux d’aller dormir un peu. » ajouta Alexander sans forcément avoir envie qu’elle s’exécute tout de suite, et en caressant ses cheveux du bout des doigts pour la calmer.

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:51

Sans doute que je parlais trop, sans doute que l'absence de filtre me rendait plus qu'incohérente à ses yeux. Et pourtant, je n'étais jamais plus franche et honnête que lorsque j'apprivoisais mon mal à grand coup de gorgées de vin. Bien sûr, au matin, je m'en voulais toujours, grimaçant au souvenir de tel geste ou de tel parole, refoulant l'envie de me taper un petit saut de l'ange depuis le sommet des toits. Mais qu'importe, en cet instant j'étais parfaitement en accord avec moi-même, avec mes envies, mes besoins, et tout ce que je me devais de lui dire, de partager avec lui, pour qu'il sache, enfin ! Qu'il comprenne qu'être un Hastings était bien moins compliqué pour lui que pour moi. Faire un métier que l'on apprécie pas forcément, c'était quand même moi douloureux que de devoir renoncer à sa liberté au profit d'un homme qui ne serait évidemment pas le bon. Surtout si le bon, en l'occurrence, n'était pas destiné à disparaître de ma vie, mais a y demeurer pour toujours sans que je ne puisse jamais le toucher... Bordel ! Je devenais folle ! Je n'étais plus capable que de penser à ça. Encore plus lorsqu'il était là, tout contre moi. Il était ma première pensée au réveil, ma dernière pensée au coucher, et tout au long de la journée, je le trainais avec moi, où que j'aille, qui que je fréquente. Je mangeais Alex, je respirais Alex, je dormais Alex... je vivais Alex. Il était une obsession malsaine, un douloureux refrain qui ne quitte pas la tête. Et le temps n'y faisait rien. Absolument rien. J'étais destinée, non pas à lui, mais à la camisole. Alors oui, je détestais absolument tout de cette vie ! Je détestais tout ce qui la composait, jusqu'à lui. Pas le Lui intégral, mais le Lui par le sang, par la génétique, le Lui par le nom, par l'appartenance à une famille, à une lignée. Je détestais ce nom, son nom, et me retrouvais à me citer mentalement Shakespeare de tête.“Renie ton père et dépouille-toi de ton nom. Ou si tu ne veux pas, fais serment de m'aimer et moi, je cesserai d'être une Capulet.” Pathétique et ridicule. Ridicule de pathétisme.

« Ne dis pas de bêtises… » Ce n'était pas des bêtises. La bêtise, c'était de l'aimer lui de la plus mauvaise manière qui soit, mais pas de lui dire à quel point tout ceci m'insupportait, à quel point tout ceci devenait bien trop lourd à porter toute seule. J'avais besoin de soutient, et j'allais le chercher chez la pire personne qui soit, et la meilleure aussi. Il m'ôta mon verre des mains et le reposa sur la table basse, me contraignant aux montagnes russes puisque mon corps, bien trop proche, tellement proche, se devait de suivre les mouvements du sien, se trouvait balloter contre le sien. Je sentais chacun de ses reliefs contre mon dos, frôlant, caressant, flirtant avec ma peau faiblement protégée par ce tee-shirt trop grand que je trouvais clairement de trop. Si j'avais été plus attentive, j'aurais même été en mesure de compter les battements très rapides de son coeur. « Tu es fatiguée, et tu as trop bu… Tu ferais mieux d’aller dormir un peu. » Ajouta-t-il en nous repositionnant convenablement. Enfin 'convenablement' n'était peut-être pas le terme le plus adéquat. “C'est ce que tu veux ?” je demandais de ma voix faible en échappant à sa main pour pouvoir accrocher son regard. Puis je le regrettais aussitôt. Je ne voulais pas connaître sa réponse. S'il me répondait pas l'affirmative, alors je savais d'avance que je ne serais pas en mesure de le supporter. Il rentrait tard, me câlinait trente seconde puis tentait de m'envoyer me coucher... de se débarrasser de moi. Non, je ne le supporterais pas. Aussi, je reprenais la parole très rapidement, tuant dans l'oeuf toute tentative de réponse de sa part. “J'ai passé ma soirée à t'attendre, ce n'est pas pour me contenter de dix minutes avec toi, désolée. En plus, j'ai pas trop bu, j'ai bu juste assez pour faire preuve de franchise pour une fois, nuance. Et c'est donc avec cette très grande franchise que je te rappelle que mes intentions étaient claires dès le début : je m'endors ici, et tu te débrouilles ensuite.” Un discours d'un autoritarisme très nuancé par ma voix éteinte et mes allures de jeune fille innocente. Il n'y avait guère que lui pour s'obstiner à m'obéir, peut-être parce qu'il était le seul à savoir de quoi j'étais réellement capable lorsque je voulais quelque chose. Et pour atténuer mon côté chieuse, j'extirpais nos mains jointes de sous la couverture, et ramenais sa paume contre mes lèvres. Ca, j'avais le droit. C'était à la frontière de ce qui m'était permis de faire, mais encore autorisé. Du coup, je m'y attardais un peu trop, avant de ranger le tout en soupirant de satisfaction. Après quoi, décidant de témoigner, à mon tour, un peu d'obéissance à son égard, je pivotais légèrement, de manière à tourner le dos à l'écran et m'arrimer à son corps pour y trouver le sommeil. Entourant son buste d'un bras et rangeant mes grandes jambes comme je pouvais, je retournais me poser contre son cou, et yeux clos, je constatais qu'il avait peut-être raison sur ma trop forte dose d'alcool dans le sang lorsque je me surpris à chantonner mollement : “Hey little sister what have you done ? Hey little sister who's the only one ? Hey little sister who's your superman ? Hey little sister who's the one you want ? Hey little sister shot gun...”dans un bâillement. Billy Idol. Indémodable.
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 20:58


Bien sûr, la raison voulait qu’ils aillent tous les deux se coucher après la soirée qu’ils avaient vécue. Mais étaient-ils vraiment raisonnables ? L’avaient-ils été un jour ? Alex se prenait parfois à en douter. Il se donnait un genre comme ça, en jouant le grand frère irréprochable alors qu’au fond, il était certainement le pire frère que la planète n’ait jamais porté. Le seul au monde qui ne soit pas foutu de tomber sous le charme d’une autre que sa sœur. Lorsqu’il y pensait, le jeune homme se consternait lui-même et pourtant, tout cela était bien plus fort que lui, bien au-delà de ce qu’il pouvait prétendre contrôler. Il ne voyait pas Elea comme sa sœur, ne la verrait probablement jamais comme telle, et ne pouvait absolument rien faire pour lutter contre ça. Et ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. Au final, Alexander s’était fait une raison, acceptant le fait de ne pas être normal et surtout celui de ne jamais pouvoir obtenir ce qu’il désirait le plus au monde. C’était douloureux, mais la vie en avait décidé ainsi, tout comme elle avait décidé de son avenir de brillant avocat qui devrait un jour porter tout l’honneur des de Hastings sur ses épaules. “C'est ce que tu veux ?” demanda Elea, extirpant brusquement son frère de ses pensées. Le jeune homme s’empressa d’ouvrir la bouche pour protester, mais sa sœur fut encore plus rapide que lui et enchaina presque immédiatement :“J'ai passé ma soirée à t'attendre, ce n'est pas pour me contenter de dix minutes avec toi, désolée. En plus, j'ai pas trop bu, j'ai bu juste assez pour faire preuve de franchise pour une fois, nuance. Et c'est donc avec cette très grande franchise que je te rappelle que mes intentions étaient claires dès le début : je m'endors ici, et tu te débrouilles ensuite.” Secouant de nouveau la tête, Alex se mit à rire alors que la jeune femme pressait brièvement ses lèvres contre sa main. En songeant qu’il ne pourrait jamais avoir plus que ça, il laissa échapper un long soupir qui ne fut interrompu que par les mouvements d’Elea qui se replaça tout contre lui. Profitant de cette proximité qu’il affectionnait tant, Alexander se laissa aller à poser sa tête contre celle de sa sœur qui commençait sérieusement à fatiguer à en juger par sa voix et ses bâillements. Soudain, elle se mit à chantonner un refrain qui laissa le jeune homme songeur alors qu’il s’autorisa à serrer un peu plus la main d’Elea dans la sienne. Au final, sa véritable place était ici, bien plus que dans le lit de toutes ces conquêtes éphémères qu’il accumulait pour oublier qu’une seule et même femme occupait ses pensés depuis toujours.

Après quelques minutes de calme, Alex sentit à son tour la fatigue s’emparer de lui et ne put s’empêcher de bailler plus ou moins discrètement. Il se cala lui aussi un peu mieux contre sa sœur et s’autorisa à fermer les yeux ce qui en soi, n’était pas une bonne idée puisque rapidement, une sorte de torpeur l’envahit le faisant peu à peu glisser vers un profond sommeil qu’il fut incapable de contrôler. Peut-être était-ce du au fait de se trouver dans les bras d’Elea, peut-être était-il réellement fatigué ? Quoi qu’il en soit, il ne tenta pas de lutter d’une quelconque manière que ce soit, et ne tarda pas à s’assoupir sans même voir prit soin d’éteindre la télévision.
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 21:00

Ses soupirs. Les longs, les courts, les profonds, les hachurés. Certains comptaient les moutons, moi je comptais les soupirs pour m'endormir. Pas n'importe lesquels, seulement les siens. Je les notais tous, les mémorisais un à un, et les gardais pour plus tard, pour maintenant. Je me les repassais en tête, et tentais de tous les interpréter. Exaspération, agacement, fatigue, amusement, et même, parfois frustration, je leur prêtais souvent des intentions qu'ils n'avaient pas. Forcément, c'était plus plaisant comme ça. Comme celui ponctuant mon baiser contre sa paume, auquel je prêtais un goût de cette même satisfaction que nous aurions partagé sur l'instant. Je les réinventais légèrement, mais qu'importe, c'était ma tête, mon imagination, mon scénario, je faisais ce que je voulais des acteurs. Paupières closes, je ne cherchais même plus à chasser les impurs images que mon esprit m'imposait. Au contraire, je les appelais de mes voeux, souriant légèrement à la découverte du déroulé du script, et rougissant la seconde suivante. Mes bras se firent plus fermes sur ma prise à mesure que j'avançais dans le film, à mesure que les évènements prenaient un tour si différent de ce qu'il se passait dans la réalité, cette réalité. Ma réalité à moi était tellement mieux, celle où mon esprit dérivait de plus en plus, sautant quelques passages, quelques étapes, avant de sombrer purement et simplement. Enroulée tout autour de lui, je ne résistais pas, ne cherchais même pas à me battre. Qu'il m'emporte, ce foutu Morphée, j'étais à ma juste place, plus rien de mal ne pouvait m'arriver.

Je crois que c'est le silence qui me tira du sommeil. Ou alors mon inconfortable position ? En battant des paupières, ma première vision fut ce poitrail qui se soulevait et s'abaissait au rythme d'une respiration profonde, lente, lourde, adorable. Il me fallut une petite minute avant de mettre fin à ma contemplation silencieuse et remarquer que je ne me trouvais pas dans ma chambre, que nous étions toujours sur le canapé, dans une position très étrange, qui plus est. Il s'était endormi et n'avait fait que glisser depuis. Heureusement que j'avais opté pour du mobilier spacieux et tout confort lorsque je m'étais occupée de redécorer l'endroit, cela permettait à son grand corps de ne pas trop dépasser de partout. Seul un bout de jambe pendait dans le vide, tandis que son cou formait un angle bizarre sur l'accoudoir. M'échappant le plus délicatement possible, et le plus brièvement possible aussi, d'entre ses bras qui avaient cadenassé mon corps, je m'employais à ramener précautionneusement sa jambe contre l'assise, et glissais un coussin sous sa tête, retenant ma respiration ce faisant, priant tous les dieux existants et inexistants pour qu'il ne se réveille pas durant mon entreprise. Je ne voulais pas prendre ce risque, je ne voulais pas qu'il réalise l'endroit et le caractère légèrement déplacé de la chose, et se décide à me ramener jusqu'à ma chambre avant de s'enfermer dans la sienne. Sauf que mon égoïsme avait ses limites, et je ne pouvais concevoir de le laisser passer la nuit dans pareille position juste pour satisfaire un besoin primaire et totalement malsain. Néanmoins, cet état de fait ne m'empêchait pas de me couler à nouveau contre lui, réintégrant le seul endroit où je me sentais réellement à ma place, pinçant les lèvres comme une enfant désobéissante. Je n'étais pas la seule fautive, puisque ses bras, en pilote automatique, se réajustèrent instantanément à mon corps, l'encerclant, le colonisant, le soulageant un peu du poids de la culpabilité. Je n'avais pas à m'en vouloir, pas vrai, puisque son corps aussi me réclamait ? J'avais éteint la télé, mais même dans la pénombre, je distinguais sans mal les traits de son visage. Il faut dire que la lumière de la cuisine était restée allumée, et qu'elle diffusait un très léger halo orangé venant caresser la courbe de sa mâchoire détendue, l'ombre d'une pommette, l'axe d'un sourcil... Autant de zones où je rêvais, moi-même, de poser les doigts. Hésitant un instant, amorçant le geste puis me rétractais immédiatement. Et s'il se réveillait ? Et s'il me surprenait entrain de le scruter de la sorte, de le toucher de la sorte ? Qu'aurais-je comme excuse ? Alors je comptais ses respirations, passais et repassais ma main devant ses yeux, faisais même mine de la frapper pour vérifier, m'assurer qu'il dormait bien. Alors, j'élevais la main une dernière fois, brandissant ma paume prête à s'abattre contre sa joue, et achevais, délicatement, mon mouvement dans ses cheveux, dégageant son front, sa tempe, de ces mèches qui venaient lécher sa peau. Le bout de mes doigts se fit plus franc, et mes caresses plus évidentes, voir équivoques. Du revers des doigts, de la pointe du pouce, je redessinais les contours de son visage, glissais sur sa joue, son menton, remontais sur ses lèvres, hésitant légèrement, torturant mes propres lèvres avec mes dents, avant d'y laisser promener la pulpe de mon pouce. Je m'autorisais des libertés jamais franchies jusque là. Surement parce que je ne l'avais jamais eu autant à ma merci qu'en cet instant, totalement inconscient, et proche, si proche de moi, son souffle venant échauffer mes joues. Son souffle chaud, son souffle délicieux, son souffle si tentant, la respiration dont j'avais besoin, l'oxygène manquant cruellement à mes poumons. Alors j'approchais mon visage, timidement, doucement, l'hésitation se partageant l'excitation dans mon corps. Depuis le temps que je voulais savoir ce que ça faisait, comment c'était, quel goût ça avait... Le coeur au bord de l'agonie, je ravalais difficilement ma salive, tentais une dernière fois de me raisonner, ma finissais par accoster délicatement. Doucement, tellement doucement que ce ne fut qu'une effleurement, mes lèvres trouvèrent sa joue, puis l'axe de sa mâchoire, puis son menton, pour finir par remonter un peu, très légèrement, s'en allant baiser un coin de bouche. Prise de panique, je reculais immédiatement et fermais les yeux, comme plongée dans un profond sommeil, avant de m'autoriser à rouvrir une paupière pour vérifier qu'il n'avait absolument pas bougé d'un cil. Rassurée, j'y retournais avec moins d'hésitation cette fois. Attisée par la bande-annonce, je voulais connaître la fin du film, me rendant là où tant d'autres étaient déjà passées sans jamais planter leur drapeau. Moi, je m'y essayais, en toute clandestinité, goûtant ses lèvres comme je n'y avais jamais été autorisée. C'était mal, j'en avais parfaitement conscience, mais la tentation était bien trop grande, la frustration trop douloureuse. Je débordais. Je débordais de douleur et d'amour aussi, je débordais de son odeur, de sa peau qui électrisait la mienne sans qu'aucun de nous ne fasse quoique ce soit, je débordais de lui et du manque de lui. C'était paradoxal et entêtant, c'était sans issue et enivrant. J'aurais pu en pleurer. De bonheur ? De détresse ? Tout se mélangeait dans ma tête. J'abusais de son inconscience, je profitais de sa faiblesse... je profitais de la mienne aussi. Et je ne pouvais rien faire contre ça, je ne pouvais, ni ne voulais lutter, et dérivais dans son cou, chatouillant sa peau d'un chapelet de baisers électriques. Alors, c'était ça l'effet que ça faisait ? Rien de bizarre ou de dérangeant, pas de gêne non plus, ni de dégoût, juste cette chaleur diabolique dans mon bas ventre, ce picotement sur le haut de mes cuisses, et mon souffle qui s'était transformé en halètement irrégulier. Il ne s'agissait pas de l'interdit, pas plus que de mon frère, il était seulement un homme. Non pas, 'un'. Il était l'homme. Aucun autre n'avait jamais eu cet effet sur moi. Aussi, je m'en retournais vers ses lèvres, les capturant à nouveau entre les miennes, et y demeurant, paupières closes, et inconscience galopante. Je ne tarderais pas à me rendormir, mais c'était juste là que je voulais gésir. Je ne craignais rien, je comptais sur la nuit et nos sommeils agités pour nous séparer de juste ce qu'il faut. Au matin, plus rien n'y paraitrait. Mais pour l'instant, l'illusion demeurait.
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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 21:04


La fatigue de sa soirée passée à l’extérieur aidant, Alex s’était laissé glisser dans un lourd sommeil sans même chercher à lutter. La proximité de sa sœur, et le fait de la tenir dans ses bras avait également quelque chose de rassurant, d’apaisant, qui n’était probablement pas étranger à cet abandon total dont il faisait preuve à présent. Même lorsque sa sœur entreprit de l’installer plus confortablement sur le canapé quelques minutes ou quelques heures plus tard, le jeune homme demeura totalement inerte, son souffle profond témoignant lui aussi de l’intense sommeil dans lequel il était plongé. Automatiquement et sans même qu’il ne prenne conscience du moindre de ses gestes, ses bras vinrent de nouveau entourer Elea… qui ne resta pourtant pas immobile bien longtemps. Se livrant à un étrange ballet, la jeune femme entreprit de vérifier si son frère dormait bel et bien en gesticulant sous son nez, chose qui ne perturba  en rien la torpeur d’Alexander. Puis, après une longue phase d’hésitation, Elea s’autorisa à franchir un pas qu’elle n’avait jamais franchi en caressant le visage de son frère puis en déposant ses lèvres sur sa joue, sa mâchoire et enfin… sa bouche. Sa première tentative fut pour le moins furtive mais elle n’en resta pas là, et ne tarda pas à repartir à l’assaut des lèvres du jeune homme assoupi.

Entre rêve et réalité, Alex se trouvait de son côté plongé dans un demi-sommeil des plus agréables. Après tout, ce n’était pas la première fois que ce genre de rêve mettant en scène sa sœur venait l’assaillir mais cette fois, celui-ci lui paraissait particulièrement réel. Et ce n’en était que plus agréable. Dans son rêve, elle embrassait doucement Alex qui, sans bien comprendre pourquoi ne manifestait aucune réaction. Mais qu’importe, ce qui comptait pour lui c’était ce baiser, ce contact entre leurs deux peaux dont il avait si souvent envie et que la raison lui interdisait pourtant. Mais dans ses rêves, tout devenait possible et il n’avait plus à ressentir cette culpabilité et ce dégout qui l’étreignaient  chaque fois que de telles pensées l’effleuraient. Et pourtant, ce baiser qui ne pouvait se jouer que dans son esprit avait tout d’un vrai, si bien qu’il ne tira brièvement de son sommeil sans pour autant parvenir à l’éveiller complètement. Alex se contenta de remuer un peu, ses mains retrouvant immédiatement le contact d’Elea qui l’apaisa une fois de plus, et le fit replonger de plus belle dans une douce torpeur.

Combien de temps avait-il dormi sur ce canapé ? Avait-il seulement ouvert un œil au cours de la nuit ? Alexander n’en savait trop rien. Au réveil, seul ce sentiment étrange sur lequel il ne pouvait mettre de nom l’envahissait. Il était à la fois heureux, soulagé, coupable et un peu triste à la fois. Les images de ce foutu rêve hantaient encore ses pensées, si bien qu’il avait l’impression d’avoir réellement vécu ce moment. D’ailleurs, un doute affreux s’empara de lui lorsqu’il ouvrit un œil et se trouva là, enlaçant Elea juste comme dans son rêve. Mais une fois de plus, le jeune homme s’efforça de chasser toutes ces images de son esprit et entreprit de se lever le plus délicatement possible pour ne pas éveiller sa sœur encore endormie. Ralliant rapidement la salle de bain, Alex lâcha un long soupir avant de lever les yeux vers le miroir. Là, il se figea en découvrant une légère trace de rouge à lèvres sur son visage. Il ne pouvait pas le croire, ce dont il avait rêvé cette nuit n’avait pas pu se produire dans la réalité. Cela ne pouvait arriver que dans son esprit tordu et en un sens, il l‘avait toujours regretté. Lavant son visage à grands coups d’eau froide, Alexander tenta pas la même occasion de se laver de toutes ses idées saugrenues avant de ressortir prestement de la salle de bain et de filer vers la cuisine pour y préparer un petit déjeuner digne de ce nom pour sa sœur et lui.

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MessageSujet: Re: phase 1 : leftover - alex   phase 1 : leftover - alex EmptyDim 14 Sep - 21:08

J'étais tombée, happée par le vide. Il n'y avait pas de meilleure image que celle d'une chute pour décrire ce sentiment d'abandon pur et total. ‘Pur’ l'adjectif était mal choisi concernant la position dans laquelle j'avais choisi de chuter, et pourtant, ce sentiment tenace s'était cadenassé à mon âme. Je ne laisserais personne prétendre le contraire, du moins pas dans cet état dans lequel je me trouvais à l'orée de ma chute, durant cet espace-temps lorsque le sommeil nous étreint avec force et que tout devient vital, instinctif, et absolu, la raison déjà en vacances, le coeur en pilote automatique. En cet instant, bref mais intense, je l'aimais et c'était normal. Je l'aimais comme je ne devais pas, mais pour un fois, ce n'était ni moche, ni répugnant. C'était beau, c'était doux, c'était tout ce dont j'avais besoin, et, étrangement, c'était d'une incroyable et intolérable normalité... Ce fut avec cette conscience accrue que j'entamais ma chute, lente, douce vers ce sommeil salvateur et savoureux, puis brutale et fracassante alors que mon réceptacle entamait un mouvement. L'avais-je éveillé ? Non, il se contenta de resserrer son étreinte autour de moi, ses grandes mains dérivant sur ma peau. J'en soupirais d'aise dans mon immobilisme craintif, ne retrouvant sérénité qu'en le sentant replonger. J'avais mes certitudes temporaires, certes, mais je n'étais pas prête à les lui communiquer. Je ne le serais probablement jamais. Son regard sur moi avait bien trop d'importance. Si je pouvais tolérer de n'y lire que de l'amour fraternel, la honte et le dégoût me conduiraient à une insupportable agonie. Sentant la torpeur m'envahir de manière définitive, je quittais ses lèvres et m'enfouissais dans son cou, me délectant de cette cachette absolument parfaite, respirant son odeur à la source. J'étais chez moi, et personne ne pourrait m'ôter ça. Personne ne pourrait m'ôter ça. Personne ne pourrait. Et sur cette énième répétition, ma chute reprenait.

Ce ne fut pas le soleil, ni les bruits montant de la rue qui me tirèrent de ce sommeil incroyablement profond, le plus profond, le plus réparateur que j'ai eu depuis des mois, voir des années, ce fut le froid. Le froid provoqué par un corps s'éloignant du mien, se détachant de moi, offrant ma peau à une température ambiante à laquelle elle n'était plus habituée. Mais je ne voulais pas, alors je m'accrochais machinalement, automatiquement, mes doigts, du fin fond des brumes ensommeillées, crochetant du tissu sans trouver de prise réelle. Alors, je laissais la chaleur s'écarter, la chaleur partir, et depuis mon inconscience latente, cherchais à en recréer une artificielle à l'aide de la couverture, roulant sur moi-même en grognant. Je ne voulais pas me réveiller, je ne voulais pas de la réalité, je voulais encore dormir, encore rêver, encore m'autoriser tout ce qui n'était possible que de nuit, dans l'hermétique intimité de mon esprit. Je ne voulais pas me réveiller, mais m'y trouvais contrainte. Parce que j'avais froid, parce que, sans savoir pourquoi, j'étais contrariée, les vapeurs anesthésiantes me quittaient. Je devenais plus sensible à tout, aux bruits, aux odeurs, à l'intolérable absence. Pourquoi était-il partit ? Pourquoi m'avait-il laissé ? Où était-elle l'absolue nécessité ? J'avais envie de m'insurger, de hurler, de le détester de s'éloigner de la sorte alors que rien ne l'y obligeait. N'aurait-il pas pu m'offrir le luxe de me réveiller avec lui ? Contre lui ? Plutôt que de m'obliger à me réveiller de ne plus être à ses côtés, complètement groggy et esseulée. Cependant, réveillée, je ne l'étais pas totalement, puisque si je ne l'avais pas entendu monter, je l'entendis descendre, preuve que j'avais du sombrer, à nouveau, par intermittence. Les bruits en provenances de la cuisine, à quelques mètres dans mon dos, achevèrent de me secouer définitivement, et dans un sursaut d'agacement je râlais de toute mon âme :“Noooooon ! C'est pas l'matin !” La bouche pâteuse, la voix me semblant rocailleuse et irritante, je rabattais la couverture sur ma tête, refusant la luminosité d'une matinée avancée inondant la vaste pièce. Là, dans ma grotte, il faisait encore nuit, je pouvais encore y réinventer une vie. Sauf qu'il y faisait une chaleur de four, et qu'il n'y avait même plus son odeur. Injustice ! J'allais devoir retourner à la source, prendre ma dose histoire de tenir la journée, et après, demain, j'aviserais. Alors, je me levais, quittant le canapé en ouvrant qu'un seul oeil pour m'habituer au jour, et sans même prendre la peine de discipliner mes cheveux clairement à l'état sauvage. La couverture en guise de cape, je me redressais complètement, jetant un regard peu avenant à la source de mon réveil, avant de poursuivre ma route jusqu'aux toilettes. Au-dessus du lavabo, mon reflet me fit la gueule. Ou bien fis-je la gueule à mon reflet ? Qu'importe, lui et moi, nous étions de mauvaise humeur. D'un revers de main, et dans un bâillement, j'effaçais les dernières traces légèrement bavantes de maquillage sous ma bouche et sous mes yeux, avant de quitter la pièce d'eau, et de retourner, la couverture façon traîne, jusque dans la cuisine d'où les odeurs m'ouvraient l'appétit. “B'jour...” je lançais, toujours contrariée, à mon frère cuisinier, tout en déposant -paradoxal, je sais- une bise sur sa joue, dont j'effaçais la trace laissée d'un frottement du pouce. Quoique, j'aurais peut-être dû la laisser, cette trace, ça aurait passé un message à toutes les femelles qu'il croiserait dans la journée. Mais, sous son regard bizarre, j'interrompais mon geste en fronçant les sourcils. “Quoi ?” j'interrogeais, avant de soupirer, interprétant mal sa réaction. “Ca va, c'est pas si grave.” Pas la peine d'en faire une affaire d'état. “J'ai pas mouillé mon pouce au préalable, donc ça ne compte pas vraiment comme du Poppinage.” Ou maternage pour les non-hastings. C'était Poppins qui faisait ça en permanence, transférant sa salive de sa bouche à son pouce, puis de son pouce à notre visage. Beurk. “Je ne t'ai pas Poppiné, Alex.” j'insistais une dernière fois, dans un regard de défi quelque peu perplexe, avant d'attraper un des deux bols qu'il venait de servir, et de me hisser sur l'un des tabourets de bar entourant le îlot central nous faisant office de table. Et le regard étrange, qu'il maintint sur moi quelques instants encore, acheva de disperser les instantanés de mes actions de cette nuit qui m'oppressaient, depuis le réveil, le cerveau. Cette nuit, c'était comme Vegas, ce qui s'y passe, y demeure à jamais. Il me fallait oublier ou, à défaut, faire comme si de rien était. Je devais m'y résoudre, ça appartenait au passé. Ne me restait que le présent. L'avenir, je ne m'y projetais jamais. Rien que le présent. Le maintenant. Lui, moi et du café. Beaucoup de café.


- The End -
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